Quels sont les points forts et points faibles des Brésiliens dans le monde du travail ? Quelles sont les particularités des relations de travail au Brésil ? La gestion RH au quotidien, cauchemar des entreprises ? Patrick Hollard, Managing Director de Michael Page International en Amérique Latine nous dit tout.
Quelles sont les principales qualités des Brésiliens au travail ?
Les brésiliens dans l’ensemble sont optimistes, ils prennent des risques et travaillent beaucoup. Dans le Top et le Middle Management, les professionnels sont ambitieux et travaillent bien (parfois mieux) sous pression et dans l’urgence.
Autre qualité appréciable au quotidien : les Brésiliens sont très ouverts à l’international, ils ne demandent pas aux autres d’où ils viennent, ce qu’ils ont fait avant…. Ce sont des gens qui vous laissent faire vos preuves, sans a priori, et donnent le droit à l’erreur.
Enfin, les Brésiliens font aussi preuve d’une impressionnante capacité d’intégration : le melting pot fonctionne mieux au Brésil qu’aux Etats-Unis, un pays bien plus communautariste. Bien sûr, cela n’empêche pas l’existence d’un certain racisme social…
Et les points faibles ?
L’ouverture et la tolérance brésilienne ont parfois leurs revers : on accepte des choses qu’on ne devrait pas accepter, par manque d’exigence envers soi-même, envers autrui, le gouvernement…
Autre problème : la vision à long terme est une qualité rare au Brésil. Le rapport au temps est différent, certes, peut être un héritage de la période de forte inflation. D’autres diront que la colonisation portugaise a laissé des traces dans les mentalités : les colons arrivaient, prélevaient ce qui les intéressaient et rentraient au Portugal sans véritablement chercher à construire un avenir pour le pays.
Que pensez-vous du couple franco-brésilien au travail ?
Les Brésiliens fonctionnent très différemment de nos schémas cartésiens à la française, et c’est pour cela que les deux cultures se complètent si bien au travail. Français et Brésiliens trouvent ce qu’ils n’ont pas dans ce subtil mariage des genres : les Français apprennent à faire ressortir leur côté latin, marqué par la passion et l’émotion, ainsi que leur créativité au contact des Brésiliens ; tandis que les Brésilien s’inspirent de la rigueur et de l’organisation des Français avec lesquels ils interagissent au travail.
Pourquoi la gestion RH est-elle si délicate au Brésil ?
Il y a vingt ans, avec une inflation de 30% par mois, les Brésiliens ne pouvaient pas se projeter dans l’avenir. Une vision à un an, c’était déjà du long terme ! Même si cette réalité appartient au passé, elle reste encore inscrite dans les gènes et la mémoire collective, en particulier sur le marché du travail.
Concrètement, les Brésiliens sont souvent prêts à changer d’emploi pour 500 R$ de plus par mois. Ils peuvent donner l’impression d’être infidèles, volatiles. Ici, avoir exercé 7 ou 8 jobs en 15 ans n’est pas forcément négatif.
Dans un contexte de plein emploi, de besoins immenses et de pénurie de cadres qualifiés, ce comportement n’est pas irrationnel. Dans certains secteurs en forte croissance, les profils ingénieurs, financiers, chefs de projets, logisticiens, commerciaux et informaticiens diplômés de niveau bac + 4/5 et plurilingues sont rares et donc constamment sollicités.
Les plus jeunes, surtout, résistent aujourd’hui difficilement aux sirènes du changement et font augmenter le taux de turn over, véritable cauchemar des entreprises, petites et grandes. Vous imaginez bien qu’il y a là un véritable défi pour les DRH au Brésil : motiver, retenir et fidéliser ses meilleurs collaborateurs. Mais c’est encore un autre sujet…
À propos de Patrick Hollard…Après avoir étudié la gestion et l’économie à l’ESLSCA, Patrick Hollard a travaillé à l’AIESEC et chez KPMG. Il est ensuite entré chez Michael Page, entreprise avec laquelle il a choisi de s’expatrier il y a 12 ans, et dont il est aujourd’hui le Directeur Général pour l’Amérique latine.
Par Mélissa Martinay pour My Little Brasil, propos recueillis avec Marielle Schneider
Article court et qui dit tout. J’ai exactement le même feeling. J’ajouterais que les Brésiliens ont du mal à dire non, voir ne disent jamais non. Ils disent plutôt. On va voir! (ça veut dire non). il faut savoir décoder les nons. Acculés au non, ils peuvent très bien inventer une excuse des plus bidons (il faut aussi apprendre à décoder)
Petit bémol sur la pénurie de cadres qualifiés : Ayant des attaches familiales et amicales au Brésil (nord, centre et sud) je ne partage pas ce point. Je dirai qu’il y a pléthore de diplômés de haut niveau, ingénieurs, doctorants, masters. Quand aux commerciaux, ils ont le sens du commerce dans l’âme, rien à voir avoir nos commerciaux qui se forcent à la vente. Eux, le font naturellement. Il y a trop de clichés véhiculés et donc trop de déceptions. On nous abreuve d’images exotiques qui ne reflètent pas la réalité. Dans un reportage une journaliste disait que sa rédaction refusait qu’elle montre le Brésil professionnel, ce n’est pas vendeur… Ceci dit, on peut tenter l’aventure en ayant au moins un pied sur terre.
Article court et qui dit tout. J’ai exactement le même feeling. J’ajouterais que les Brésiliens ont du mal à dire non, voir ne disent jamais non. Ils disent plutôt. On va voir! (ça veut dire non). il faut savoir décoder les nons. Acculés au non, ils peuvent très bien inventer une excuse des plus bidons (il faut aussi apprendre à décoder)
Petit bémol sur la pénurie de cadres qualifiés : Ayant des attaches familiales et amicales au Brésil (nord, centre et sud) je ne partage pas ce point. Je dirai qu’il y a pléthore de diplômés de haut niveau, ingénieurs, doctorants, masters. Quand aux commerciaux, ils ont le sens du commerce dans l’âme, rien à voir avoir nos commerciaux qui se forcent à la vente. Eux, le font naturellement. Il y a trop de clichés véhiculés et donc trop de déceptions. On nous abreuve d’images exotiques qui ne reflètent pas la réalité. Dans un reportage une journaliste disait que sa rédaction refusait qu’elle montre le Brésil professionnel, ce n’est pas vendeur… Ceci dit, on peut tenter l’aventure en ayant au moins un pied sur terre.
d’accord avec toi, dominique
d’accord avec toi, dominique
Une question hors sujet, comment faite vous pour gérer de l’afflux de 1000 CV en moins d’une semaine pour un poste pas exemple de supervisor em logistica ? Dire qu’il y a pénurie de personnes qualifiés, on en doute au vu de la masse de CV reçus lorsqu’une annonce est déposée.
Une question hors sujet, comment faite vous pour gérer de l’afflux de 1000 CV en moins d’une semaine pour un poste pas exemple de supervisor em logistica ? Dire qu’il y a pénurie de personnes qualifiés, on en doute au vu de la masse de CV reçus lorsqu’une annonce est déposée.