La Galeria do Rock est nichée dans le bâtiment du célèbre architecte Alfredo Mathias, près de la Praça da República. L’endroit crée le buzz à São Paulo et au delà.Il n’existe pas un jeune Brésilien qui n’ait connaissance du lieu. Creuset de la culture alternative, espace de liberté pour les marginaux du monde du rock, du rap ou du hip hop, il ne laisse personne indifférent.
C’est quoi au juste ?
La Galeria do Rock, c’est à la fois un espace d’entre soi mais aussi un lieu de rencontres et de découvertes. Skate, piercing, teintures pour cheveux, CD, fringues, tatouages… tout y est. C’est, en quelque sorte, un Camden Town institutionnalisé. Les adeptes des phénomènes musico identitaires underground se côtoient ainsi dans ce grand espace commercial (6 étages) propre et non violent. On peut même y apercevoir Lilly Allen lors de ses passages au Brésil !
Un peu d’histoire…
A la fin des années 80, le ‘Centro’ de São Paulo (le quartier historique de la ville) est en perte de vitesse et de moins en moins bien fréquenté. Les tentatives de revitalisation du territoire sont autant d’échecs pour la municipalité qui voit le quartier des affaires se déplacer vers la Faria Lima, les lieux de cultures fleurir partout ailleurs dans la ville, et les ‘moradores de rua’ (ou SDF) envahir massivement le Centro.Témoin et acteur de cette époque difficile, le bâtiment d’Alfredo Mathias, construit en 1963, abrite alors un centre commercial dans lequel seules 50 des 400 boutiques disponibles sont occupées. Sur ces 50 échoppes en activité, 15 se dédient au trafic de drogue. La police ne veut même plus entrer dans l’imposant édifice et le gouvernement envisage sérieusement la fermeture. Tout ça ne lui présage donc pas un faste futur…
‘Toninho da Galeria’
C’est l’actuel Administrateur et Président de l’Institut Culturel, Antonio de Souza Neto, qui va tout changer. ‘Toninho da Galeria’, aussi surnommé le ‘Santo Milagreiro’ a réussi à transformer l’espace décadent en lieu de prestige, accueillant aujourd’hui près de 35 000 personnes par jour. Tour de force ? Plutôt intelligence de situation. Un constat : le rock, le rap et le hip-hop ont leurs adeptes, font des heureux, mais sont mal vus et pâtissent de nombreux préjugés. Il manque aux marginaux de São Paulo un espace où ils puissent se sentir acceptés, à l’aise, un lieu bien administré, où la diversité puisse s’épanouir sans heurts.De la gestion de l’électricité à la gestion financière, Toninho crée alors une administration intelligente pour faire vivre ce qu’il baptise la Galeria do Rock. Le nom n’ayant pas été déposé pour ne pas privatiser une initiative citoyenne, il existe des ‘Galeria do Rock’ hors de São Paulo au Brésil qui n’ont aucun lien avec le concept d’origine.
Un mouvement culturel
Et ce n’est pas tout. Le fils de Tony, Marcone, travaille depuis 2008 avec un ami de fac, Rafael, à la création d’un véritable mouvement culturel autour de l’espace commercial administré par son père. Le Collectif de la Galeria do Rock s’est donné pour objectif d’offrir aux Brésiliens les espaces d’expression artistique qui leur manquent. Présentation de nouveaux artistes au public, organisation de spectacles gratuits (pour Noël, tous les samedis du mois de juillet à l’occasion du mois du rock notamment), flashmobs… Le développement d’un portail Internet collaboratif et la présence sur les réseaux sociaux (109 490 like sur la fan page Facebook !) comptent aussi parmi les priorités des jeunes entrepreneurs humanistes. La création d’un réseau mondial de collaborateurs officiels pour le portail est une de leurs grandes fiertés.
Une marque reconnue
Si le Collectif de la Galeria do Rock n’a jamais bénéficié d’un seul réal de financement public, les entreprises se bousculent pour réaliser des partenariats autour des événements organisés. Les projets sont nombreux, très nombreux. La Galeria do Rock est véritablement devenue une marque, celle de la vitalité du rock and roll et de la culture de rue au Brésil.
C’est où ?
Rua Vinte e Quatro de Maio, 62República São Paulo, 01041-000(métro República, près du Teatro Municipal)
C’est quand ?
Du lundi au vendredi de 10h à 18h30, le samedi de 10h à 18h.Fermé les dimanches et jours fériés.Par Mélissa Martinay pour My Little Brasil