
My Little Brasil reçoit Armelle Champetier qui développe la filiale Yogist, la première start-up française de yoga corporate, elle partage son expérience avec nos lecteurs.

– Peux-tu te présenter et nous parler de ta société ?
Je m’appelle Armelle Champetier, j’ai 32 ans. Je suis passionnée de musique, voyages, sport et yoga. Je suis
sortie d’HEC en 2010, après avoir fait beaucoup d’aviron et m’être spécialisée en droit et fiscalité. Issue d’une
famille d’expatriés, j’ai toujours cherché les expériences internationales, de l’Australie à la Russie. Mais c’est
au Brésil que j’ai commencé ma carrière avec 7 premières années dans la vie active en contrôle de gestion,
chez Pernod Ricard puis au siège Latam de JCDecaux. Au terme de plusieurs années de maturation, j’ai
décidé de sortir du chemin tout tracé de la carrière financière dans un grand groupe français.
Je développe aujourd’hui la filiale brésilienne de Yogist, la première start-up française de yoga coporate. Yogist
a développé une nouvelle méthode de yoga corporate pour lutter contre le stress au travail et les troubles
musculosquelettiques*. Notre technique améliore la concentration et les performances des collaborateurs, adaptée au monde de l’entreprise, elle se pratique sur chaise, en salle de réunion, sans se changer, sans matériel…et sans
chakras ! Nous animons conférences, team-buildings, workshops de découverte du yoga coporate, organisons
des cours réguliers dans les entreprises. Enfin, nous proposons un programme d’e-learning, avec des tutoriels de
5 minutes pour chaque partie du corps.
– Comment es-tu arrivée au Brésil, quel est ton parcours ici ? Comment l’adaptation s’est elle passée, notamment au niveau de la langue ?
Je suis arrivée à São Paulo en mars 2010, dix leçons d’Assimil à mon actif, pour un VIE d’un an dans une
équipe 100% locale. Je n’ai donc pas eu le choix sur l’apprentissage du portugais ! J’ai suivi
quelques cours particuliers pour apprendre les bases grammaticales, mais c’est surtout cette ligne qui
m’a permis d’apprendre non seulement la langue, mais aussi les références, l’humour, la manière de
communiquer. Je me suis assez rapidement sentie chez moi ici, on ne peut pas contester l’hospitalité
brésilienne et l’admiration que suscite la France ici, encore plus quand on travaille dans une entreprise
française.
Mon adaptation a été facilitée par la présence de ma sœur déjà installée au Brésil depuis 2 ans. Plus de 7 ans
plus tard, nous sommes encore toutes les 2 ici ! Je ne doute pas que le facteur familial soit crucial dans la
longévité des Français au Brésil (famille importée ou créée ici).
– Pourquoi avoir choisi le Brésil?
Je suis arrivée sur le marché du travail en 2009, au moment où les recruteurs traditionnels de jeunes diplômés
d’école de commerce étaient assez frileux à l’embauche. Et surtout, j’avais envie de sortir du petit monde
parisien des écoles de commerce et de découvrir un marché dynamique et optimiste. A l’époque, tout le monde
parlait du Brésil, le pays était en plein boom économique et je n’étais pas indifférente au facteur « exotique »…
Le choix du Brésil n’a pas fait l’ombre d’un doute. J’étais déjà amoureuse de la langue et de la musique avant
de poser un pied ici !
– Comment t’es-tu lancée dans l’aventure entrepreneuriale ?
Il m’a fallu plusieurs années pour sauter le pas, cette maturation a eu lieu pendant ma période au reporting
chez JCDecaux. Cette étape a été extrêmement enrichissante professionnellement, au sein d’une direction très
exigeante, ambitieuse et dans une région en croissance exponentielle. J’ai monté une équipe de zéro, j’ai
beaucoup voyagé dans les filiales, j’ai produit maintes analyses et présentations pour la direction du groupe…
Et parallèlement, c’est justement à ce moment-là que je me suis rendue compte que je ne me voyais pas faire
carrière dans un grand groupe français, et que j’avais plutôt envie d’avoir un projet qui me ressemble plus,
articulé autour des valeurs du sport dans l’entreprise. Comme beaucoup de gens autour de moi aujourd’hui, je
ne me projetais pas (plus ?) dans une carrière corporate.
C’est comme ça que j’en suis venue à entrer en contact avec la fondatrice de Yogist Anne-Charlotte Vuccino,
camarade de promo, qui a, elle aussi, « tout plaqué » il y a 2 ans pour monter sa start-up de yoga corporate.
Elle a une histoire qui m’avait tapé dans l’œil à l’époque puisqu’elle avait réussi la reconversion que j’entamais
à peine. Le courant est tout de suite passé et nous avons très vite commencé à parler d’ouvrir Yogist au Brésil.
En plus des étapes classiques de construction du Business Plan, étude de marché et négociation de notre
association, je suis allée passer mon certificat de professeur de yoga en Inde à Mysore : pendant un mois, du
lundi au samedi, de 6h du matin à 8h du soir, j’ai suivi un entraînement physique pour enseigner les postures qui renforcent et soulagent les tensions, ainsi qu’une partie théorique sur l’anatomie et la philosophie du yoga.
Une expérience unique qui m’a permis de clore en tout sérénité ma période de transition.
– Quelles sont tes perspectives au Brésil, pour toi, ta société et vos produits ?
Globalement, Yogist est dans une dynamique extrêmement positive : autant à Paris, où Yogist a été
sélectionnée pour l’incubateur HEC au sein de la Station F en juillet, où l’équipe est en train de s’étoffer et où
les projets de développement se multiplient, qu’au niveau international avec l’ouverture de la filiale UK et des
projets dans plusieurs autres pays du monde.
Au Brésil, les perspectives sont également prometteuses. Il existe une demande très forte pour les services de
bien-être au bureau et pour autant l’offre pour les entreprises se limite à peu de choses près aux quick
massages et à la « ginástica laboral »… Derrière les clichés qu’on peut avoir des Brésiliens, à São Paulo on
voit des milliers de gens qui investissent beaucoup de temps, d’énergie et d’argent dans leur carrière, passent
plusieurs heures par jours dans les transports, travaillent de longues heures et derrière ça vont en plus faire un
MBA jusqu’à 23 heures. La compétition à l’ascension sociale est rude, la population brésilienne souffre
énormément du stress, du sédentarisme et de la mauvaise qualité de vie dans les grandes villes. Par ailleurs,
malgré la crise et la situation instable du Brésil aujourd’hui, les entreprises cherchent à faire ce genre
d’investissement, et commencent à prendre conscience de l’importante de soigner la qualité de vie au travail.
– Selon toi, comment réussit-on au Brésil ? As-tu rencontré des difficultés particulières ?
Il faut avant tout aimer le Brésil et sa culture. Je pense que voir le pays uniquement à travers le filtre de
l’opportunité économique peut engendrer des frustrations et des incompréhensions. Je conseillerais donc de
cultiver une curiosité presque « innocente », sans avoir décidé à l’avance ce qu’on va y trouver, de quelle
manière on va travailler, etc. Je pense qu’il faut apprendre à mettre les relations humaines au premier plan
(pas toujours facile quand on est français !) : l’émotionnel prend presque toujours le dessus sur le rationnel ici.
Les difficultés sont principalement d’ordre administratif : visa (j’ai attendu 6 mois mon premier visa !), ouverture
d’entreprise, compte en banque… chaque étape une réelle épreuve de patience… mais tout finit par arriver !
Le Brésil est un pays extrêmement riche de bien des manières (même dans la situation politique et
économique actuelle), et pour en profiter pleinement, il est absolument indispensable de développer le fameux
« jogo de cintura » (une sorte de pragmatisme à la brésilienne, de flexibilité dans la discussion).
– Pour conclure, peux-tu décrire une séance type de yoga corporate ?
Les participants sont assis dans une grande salle de réunion autour de la table, ils arrivent tels quels au cours,
sans se changer. Nous suivons un programme de 10 étapes : d’abord la respiration, puis des exercices de
renforcement puis d’étirement de chaque partie du corps qui souffre quand on est assis toute la journée devant
un écran. Nous incluons des postures d’équilibre, pour travailler la concentration. Et enfin la session se clôt
avec la méditation et relaxation finale. Nous n’enseignons pas de posture embarrassante dans un contexte de
travail mais cela reste une expérience originale à partager avec son équipe. Lors des ateliers découverte, les
participants sont toujours surpris de l’effet apaisant, relaxant d’une session de yoga. Ils se sentent plus légers
et d’attaque pour retourner à leur bureau !
*pathologies des muscles, tendons et nerfs liées à l’activité professionnelle
Vous aussi vous avez un talent fou et venez d’arriver au Brésil ?
Parlez-nous de vous et montrez à nos lecteurs ce que vous pouvez faire pour eux !
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