
Je suis venu au Brésil pour la première fois en 2002, à l’occasion de vacances, puis pour un mariage en août 2003.
Fin 2003 j’ai découvert le village de Trancoso au sud de Bahia et suis resté enchanté par ce qui ressemblait aux Antilles des années 70. Un mélange unique de simplicité, beauté et liberté et une communauté où tout le monde semblait se côtoyer en bonne harmonie, riches hommes d’affaires, artistes bohèmes et natifs. J’avais fini de travailler comme banquier d’affaires et me dirigeais vers l’investissement privé.
L’euro était à R$3.50 et le potentiel du Brésil en tant que destination touristique était exceptionnel. C’était avant la crise de 2008 et tout portait à croire que les côtes brésiliennes seraient un jour une destination de choix pour les touristes européens et américains, notamment les retraités du baby boom. Trancoso disposait d’un aéroport international à 40 minutes de voiture et avait tout d’un futur St Tropez, Porto Cervo ou Ibiza (c’est encore le cas).
Après « due diligence » j’ai appris qu’il fallait bien distinguer trois types de terrains : en bord de mer, dans des lotissements de luxe et « tous » les autres.
Ceux en bord de mer étaient déjà valorisés aussi cher que sur la côte d’Azur (prix au mètre carré linéaire de plage de 10.000 USD, quelle que soit la profondeur du terrain). De nombreux milliardaires – notamment Brésiliens – avaient déjà élu Trancoso comme destination de vacances.
Les lots de 2.000 mètres carrés du condominium/golf Terra Vista à côté du Club Med valaient déjà plus cher qu’à Sperone (de mémoire plus de 500 USD le mètre carré).
En revanche, de vastes étendues de terre urbaine ou agricole en bordure du village se négociaient encore de quelques centimes à quelques Réais le mètre carré et constituaient une bonne opportunité pour un investissement à long terme. Le prix d’entrée nominal permettait une approche plus patrimoniale (long terme) que spéculative (court terme).
Une fois certain de mon choix et de ma stratégie, il a fallu passer à l’acte, c’est à dire acheter les terrains et cela n’a pas été une mince affaire. Le Brésil est un état fédéral et les règles mais aussi les us et coutumes ne sont pas partout pareils.
L’héritage portugais a laissé le pays otage d’une bureaucratie complexe et minutieuse mais qui ne protège pas nécessairement les acheteurs. Outre la situation cadastrale (« dominio direito » vs. « aforamento » par exemple) et fiscale du bien immobilier lui-même, il faut toujours vérifier celle de son propriétaire actuel mais aussi des propriétaires précédents, des ex-conjoints etc. En cas de doute il ne faut pas acheter au risque de voir son bien bloqué par la justice (« penhorado ») pour longtemps, avant qu’une action de « tiers de bonne foi » aboutisse (ou non).
Cependant, une fois propriétaire du bien, rien ne dit que les lois fédérales, environnementales et les règles d’urbanisme ne vont pas changer et limiter voire même interdire votre projet. (Le vide juridique créé il y a peu par les nouvelles règles concernant la propriété de terres agricoles par des non-résidents est assez révélateur du risque « Brésil »).
De plus, Bahia n’est pas São Paulo et l’accès à l’information, surtout avant l’informatisation des administrations et cartorios, n’était pas aisé. Il a donc parfois fallu prendre des risques. J’ai connu des propriétaires terriens riches « sur le papier » qui n’avaient jamais rempli de déclaration d’impôts de leur vie, souvent des personnages haut en couleur, presque de « fiction ».
Mais quand, suite à une coupure de courant, vous aurez signé au cartorio une transaction tapée à la machine à la lueur d’une bougie, plus rien ne vous étonnera.
Jean-François Delort
[participez]
Bravo pour l’audace et la persévérance…je connais bien la promotion immobilière en région parisienne, ce n’est déjà pas du gateau….mais là c’est le top !
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