Interview Ninon Daunis, fondatrice de Timirim, marque brésilienne de vêtements en coton organique

Alexandrine Brami de My Little Brasil a rencontré et interviewé un artiste passionné de musique classique : le violoniste et maestro Paulo Paschoal.
Bonjour Paulo, qui es-tu ?
Je suis violoniste professionnel, j’ai voué ma vie à la musique. Aujourd’hui je transmets ma passion aux jeunes et je contribue avec mes moyens – mon violon et ma voix – à éduquer des générations de Brésiliens qui ont soif de découvrir la grande musique.
J’ai eu la chance de naître dans une famille de musiciens : mon père jouait du violon, ma maman du piano. Je baigne dans la musique érudite depuis tout jeune. C’est en écoutant mon grand frère et en accompagnant ma sœur, tous deux musiciens, que j’ai choisi d’embrasser cette carrière.
J’ai commencé le violon à 4 ans. A 8 ans je jouais professionnellement. J’avais sûrement une prédisposition. Et je suis né dans une famille qui m’a permis de l’identifier et de la faire s’épanouir. À 5 ans je me rappelle avoir dit à ma grand-mère : avec mon violon je vais voyager dans le monde entier. Cette idée fixe, qui pouvait sembler folle, ne m’a jamais quitté….
Cela suffit-il à sceller un destin ?
Rêver grand est un bon début…. Mais c’est vrai que pour devenir musicien professionnel, j’ai beaucoup travaillé. J’ai côtoyé de grands violonistes, russes, israéliens, brésiliens et j’ai appris d’eux l’exigence, la discipline, l’organisation. Ce sont les valeurs qui m’accompagnent encore dans tout ce que j’entreprends.
J’ai commencé par la Grande musique, les compositeurs classiques. Antonio Vivaldi, Johann Sebastian Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven. Puis j’ai construit mon répertoire en me plongeant et en voyageant dans la musique populaire brésilienne, le choro, la musique tsigane et le tango. Je prépare un Cd mêlant Vivaldi et Piazzola. En 2015, j’ai lancé un Cd de cordes rendant hommage aux Beatles.
J’ai acquis une vaste culture musicale, un énorme pouvoir de concentration et une mémoire d’éléphant 🙂 Je peux jouer 300 interprétations différentes de tête.
Et qu’est-ce qui te plaît à toi, personnellement, dans la musique, quand tu es sur scène avec ton instrument ?
D’abord la sensation même de jouer. La musique c’est ma maîtresse, mon plus grand plaisir. J’éprouve sur scène des sensations physiques que je ne ressens pas dans la vie. J’aime jouer, toucher mon violon, en sortir des notes qui résonnent dans mon corps et qui créent une connexion vraie et intense avec le public. C’est magique, totalement irrationnel.
J’aime le public aussi. Je veux tout partager avec le public, l’engager dans la musique, toucher son coeur, faire découvrir aux débutants la magie d’un univers chargé d’histoire, et aux initiés le goût de l’excellence et de l’innovation.
Vivre de la musique érudite au Brésil peut sembler un pari risqué. Beaucoup de musiciens sont partis. Et toi, as-tu déjà été tenté par l’expatriation ?
À 16 ans j’ai recu une proposition pour étudier à Yale aux États-Unis. Mais j’ai refusé.
Par peur de ne pas être à la hauteur ?
Non, je n’ai peur de rien, j’ai même plutôt le goût du risque 🙂 Plus sérieusement, la plupart de mes collègues et amis musiciens sont partis en effet. Mais moi je voulais montrer qu’on peut se former et vivre au Brésil de son art. J’ai depuis parcouru le monde grâce à la musique.
Pari réussi donc ?
Je crois… Je suis entré par concours à l’OSESP – l’Orchestre symphonique de l’Etat de Sao Paulo – il y a 23 ans. Nous sommes 120 de 10 nationalités différentes et ensemble nous avons voyagé le monde. Il ne me reste plus que l’Asie et notamment la Chine a découvrir…
L’OSESP est considéré comme l’une des meilleures formations au monde, nous jouons toutes les semaines à la Sala Sala Paulo très prisée des Francais qui apprécient son acoustique et la qualité de la programmation. Nous accueillons des compositeurs et chefs d’orchestre du monde entier.
Y a t-il une vie en dehors de l’OSESP ?
Oui bien sûr…:) J’ai eu la chance de pouvoir jouer avec les grands noms de la musique brésilienne comme Roberto Carlos, Chico César, Léonardo et Zizi Possi. J’ai aussi lancé des CDs où je mêle instruments de corde, tango, rock. Plus récemment, j’ai monté moi même un orchestre, la Camerata Darcos – 18 musiciens talentueux, pour la plupart anciens élèves.
Ensemble – grâce aux entreprises et mécènes qui nous soutiennent – nous emmenons la musique classique là où elle n’est encore jamais entrée : dans les écoles publiques, les hôpitaux, les centres aérés des quartiers défavorisés et les stades de foot. Nous ciblons la “zone” comme vous dites en France, précisément là où se trouve la population la plus en demande.
C’est là que nous touchons les jeunes qui arrivent en masse sur le marché du travail, sans diplôme et sans perspective. C’est là que nous inspirons, recrutons et formons aujourd’hui les meilleurs musiciens et professeurs de musique du Brésil. Avec la musique, de plus en plus de jeunes trouvent une voie…. Il ne reste plus qu’à faire entendre leur voix dans l’espace public.
Ton discours est très engagé, ton action aussi. Une vie de musicien qui ne me semble pas comme les autres …
Oui, c’est juste. Parmi mes collègues et musiciens, certains sont nés dans des berceaux dorés, d’autres – en fait la plupart au Brésil – ont connu la faim. Et la musique est notre fidèle amie et notre revanche sur la vie.
J’ajouterai que la musique, comme la langue française, fait la différence, “distingue”. Tu le sais bien toi qui œuvres à la démocratisation du français au Brésil combien ils sont transformés et différenciés les jeunes à qui l’on fait découvrir un nouvel univers de sens et de sons… Avec plus de musique, de langue française et d’action collective, je te jure, nous en fermerons au Brésil des prisons…!
Et que veux tu leur dire à nos lecteurs qui te découvrent pour la première fois ?
Français et francophones du Brésil, venez nous écouter, connaître l’orchestre Camerata Darcos, découvrir une part méconnue du Brésil qui bouge.
Entrepreneurs et patrons des entreprises françaises au Bresil, soutenez notre action pour qu’ensemble on construise une société plus éclairée.
Et donnez mon contact à Emmanuel Macron pour qu’il rencontre la jeunesse en musique – notre espoir – lors de sa prochaine visite.
Vous aussi vous avez un talent fou et venez d’arriver au Brésil ?
Parlez-nous de vous et montrez à nos lecteurs ce que vous pouvez faire pour eux !
Remplissez le formulaire ci-dessous pour nous contacter :
[123-contact-form i2839503]
Articles Connexes