
Pouvez-vous vous présenter ? Ainsi que votre projet ?
Michael Hayate, 32 ans, et Jeremie Sebban, 34 ans, gérants d’investissement chez MMC depuis 4 ans. MMC est une société concentrée sur le développement et la commercialisation de logements populaires au Brésil. Nous sommes une équipe franco-brésilienne avec des profils hétérogènes. Dans le cadre d’un vaste programme étatique “Minha Casa Minha Vida”, offrant aux classes moyennes l`accès au crédit immobilier et à des subventions directes, MMC s’associe à des promoteurs immobiliers spécialisés sur ce segment afin de structurer et superviser des opportunités d’investissement pour une clientèle d’investisseurs internationaux et Brésiliens. Il est intéressant de noter que ce programme concerne 90% des Brésiliens et a déjà permis la construction de plus de 4,3 millions d’unités depuis 2009. Aujourd’hui, MMC supervise 10 projets dans 3 états du Brésil, totalisant plus de 3.800 unités (appartements ou maisons).
Comment êtes vous arrivés au Brésil ? Pourquoi avoir choisi ce pays?
Michael: Après des études d’expertise comptable et d’ingénierie financière, j’ai réalisé mes premiers pas en direction financière au Japon – BL Tokyo – pendant 2 ans et à Paris – Areva –pendant 1 année. Je suis arrivé au Brésil en VIE pour Schneider Electric pour épauler le Directeur financier Amérique Latine. La rencontre avec notre partenaire, Mickael Israel Malka -fondateur de MMC – a été déterminante dans ma décision de commencer cette nouvelle
aventure. J’ai complètement été séduit par l’idée – en tant que français – de travailler sur le logement populaire, de plus il s’agit d’une start-up avec un positionnement unique sur ce
segment. J’ai choisi le Brésil tout d’abord parce que j’étais en couple avec une brésilienne. De plus, le Brésil était à la mode. En 2010/2011, nombreux journaux français (Le Monde, Courrier International) et internationaux (The Economist) relataient le miracle Brésilien. L’ensemble de ces facteurs ont été déterminants dans ce choix vie: Juillet 2011, j’embarquais dans un vol Paris-SP pour commencer ma mission en VIE.
Jeremie: Après 6 ans en finance de marché à New York, j’ai pris un congé sabbatique de 8 mois afin de poursuivre un rêve d’enfance : parcourir l´Amérique Latine, en backpacker. Je connaissais déjà le Brésil et prévoyais d’y passer le début et la fin de mon séjour. Arrivé au terme de mon congé, l’envie de retourner en Europe a laissé place à celle d’apprendre une nouvelle langue et de tenter une aventure professionnelle au Brésil. Pourquoi le Brésil? Un peuple extrêmement accueillant, un pays plein de ressources et d´opportunités, l´envie d´un nouveau défi entrepreneurial et personnel.
Comment s’est passée l’adaptation au niveau de la langue ?
Michael : J’ai bénéficié de cours de portugais durant mon VIE, mais la majeure partie de mon apprentissage s’est réalisée au contact des brésiliens.
Jeremie : Un professeur, parlant couramment le français et l’espagnol, m’a mis le pied à l’étrier. Six semaines de cours plus tard, j’étais à même de naviguer dans des conversations basiques. Les brésiliens sont très communicatifs… mon apprentissage s’est dès lors fait principalement “dans la rue”
Quelles sont vos perspectives au Brésil une fois l’objectif atteint ?
Michael: Le Brésil a connu depuis 2014 l’une des plus grandes crises politiques, économiques et d’une certaine manière sociétale de ses dernières décennies. Cependant, l’économie Brésilienne montre de timides signes d’amélioration. Nous pensons que 2018 marquera le redémarrage économique du pays, même si les défis politiques, sociétaux et structurels seront malheureusement plus complexes à résoudre.
Jeremie : Le déficit en logements populaire est estimé aujourd’hui à 5-6 millions de foyers, l´écrasante majorité pour les classes populaires. A ce chiffre, s´additionne une demande future de 1 million d´unités par an sur les 15 prochaines années, du fait de la croissance démographique. Notre objectif est donc de se positionner sur le long terme et de participer de cet effort, en mettant l´accent sur des produits de qualité et accessibles pour ce public.
Selon vous, comment réussit-on au Brésil? Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
Michael : Le Brésil est un fabuleux pays, avec un peuple extrêmement accueillant et chaleureux. Cependant cette facilité de communication cache une complexité dans le monde professionnel. J’aime beaucoup comparer, analyser les différences de culture que j’ai pu rencontrer. L’une des plus grandes difficultés du Brésil est similaire à celle que j’ai rencontré au Japon, en effet les deux cultures, bien qu’extrêmement antagonistes, sont des cultures dites implicites, c’est-à- dire des cultures dans lesquelles le conflit et le “non” sont souvent évités. Au contraire de notre culture française nettement plus explicite, dans laquelle le “non” est
clairement plus utilisé.
Jeremie : Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. Après quelques années de pratique, il nous est néanmoins plus facile de naviguer dans un environnement professionnel où l´émotionnel prend régulièrement le pas sur le rationnel, et où les règles du jeu changent constamment. Faire preuve du fameux ¨jeitinho brasileiro¨, de flexibilité et de beaucoup de patience sont clés pour réussir.
Que conseilleriez-vous à celles et ceux qui hésitent encore à venir au Brésil ?
Michael : Le Brésil est un pays fabuleux par son peuple, son énergie, ses paysages paradisiaques, ses opportunités, cependant il est nécessaire de parler la langue et de montrer beaucoup de flexibilité dans le monde personnel mais surtout professionnel.
Ci dessous quelques rendering de leur projet