
Le 6ème Sommet UE-Brésil des 23 et 24 janvier à Brasilia a envoyé un signal fort au secteur européen des technologies propres ou cleantechs*. La Confederação Nacional da Indústria (CNI) a en effet appelé au renforcement des partenariats avec les Européens dans ce domaine, pour relancer la compétitivité de l’industrie brésilienne. S’y ajoute le regard attentif de la communauté internationale autour des performances environnementales du pays accueillant bientôt Coupe du Monde et Jeux Olympiques, après Londres qui avait placé la barre assez haut. Dans ce contexte, les cleantechs sont appelées à la rescousse pour concilier croissance et environnement.Tour d’horizon d’un secteur d’avenir… où ça se passe maintenant !
Le Brésil, déjà engagé en faveur des énergies renouvelables
Brasilia a mis en place une série de mesures en faveur des énergies renouvelables (90% de l’électricité produite au Brésil est d’origine hydroélectrique) et des biocarburants (l’éthanol couvre plus de la moitié de la consommation nationale de carburants). En outre, le pays possède une forte tradition entrepreneuriale, héritage du passé colonial et atout considérable lorsqu’il s’agit de développer de nouveaux business. Autant d’éléments positifs relevés dans le Global Cleantech Innovation Index 2012 par Cleantech Group et le WWF.
Et pourtant, des cleantechs encore trop peu présentes …
Au Brésil, on compte encore trop peu d’innovations et d’entreprises actives dans le secteur des cleantechs, notent les auteurs. Le pays pointe à la 25e place sur 38, derrière l’Europe, l’Amérique du Nord, et deux de ses partenaires ou rivaux : l’Inde (12e) et la Chine (13e). Une position insatisfaisante pour la 6ème économie mondiale, dont la filière la plus avancée reste celle des biocarburants de 1ère génération, issus de la culture de canne à sucre. Pendant ce temps, l’UE a pris une avance décisive dans les biocarburants de 2nde génération à base de déchets végétaux.
Quelles solutions pour renforcer les cleantechs ?
Pour favoriser l’émergence du secteur des cleantechs, il manque au pays :
- Des capacités en Recherche et Développement tout d’abord,
- Des conditions plus favorables pour les entrepreneurs, particulièrement pour les étrangers qui souhaitent se développer sur ce nouveau marché.
Quelques réponses côté Brésil …Afin de pallier le manque d’ingénieurs et entrepreneurs rodés aux problématiques environnementales, le SENAI (Service National de l’Apprentissage Industriel) a mis en place un Centro Nacional de Tecnologias Limpas qui délivre des formations aux normes environnementales internationales et brésiliennes. Ceci étant, le secteur cleantechs va bien au-delà de l’application stricte de ces normes, puisqu’il s’agit d’innover pour mieux produire et c’est là que les Européens ont un rôle à jouer !Época Negócios relevait dans un article paru en octobre 2012, les secteurs d’activité dans lesquels les investissements en R&D, design et production -cleantechs incluses- seraient les plus importants dans les années à venir au Brésil. On y retrouve :
- Le traitement des déchets (+ 10M$ d’ici à 2020) et de l’eau (+ 13M$ d’ici à 2014), mais aussi,
- Les aéroports (+ 11M$ d’ici à 2015), l’automobile (+ 50M$ d’ici à 2020) et la construction (+ 42M$ annuellement d’ici à 2014 !), en lien avec le développement des transports et des infrastructures dans le pays.Bien sûr, ces secteurs d’activité sont déjà représentés à travers quelques poids lourds européens comme Fiat ou Volkswagen (respectivement 6ème et 7ème entreprises du pays en termes de CA) dont les politiques environnementales sont déployées au Brésil. Ainsi, le constructeur allemand finance t-il la construction de centrales hydroélectriques qui couvriront à terme 40% des besoins énergétiques de ses usines au Brésil. La nouveauté vient plutôt du rôle joué par les PME innovantes du secteur cleantechs venues d’Europe, et notamment de France.
Mais aussi des opportunités pour les Français !Début 2012, Verteego, PME cleantech française, annonçait avoir été retenue par le géant brésilien des infrastructures Andrade Gutierrez autour du monitoring de l’empreinte carbone de six stades de football en construction pour la Coupe du Monde 2014.
La plateforme française Cleantuesday bientôt au Brésil
Les cleantechs sont une filière prometteuse pour les entrepreneurs français au Brésil, confirme la plateforme Cleantuesday. Fondée à Paris en 2008 et fédérant plus de 350 entreprises françaises autour d’une veille technologique et business cleantech, Cleantuesday est déjà présente à Hong-Kong et Montréal. Dans les prochains mois, ses activités de support aux technologies françaises vont s’étendre… au Brésil bien sûr !Affaire à suivre alors …Par Olivier Delannoy pour My Little Brasil* Les cleantechs sont l’ensemble des techniques et services industriels qui utilisent les ressources naturelles, l’eau, l’énergie et les matières premières avec la perspective d’améliorer la productivité, de réduire les déchets et la toxicité engendrés, tout en assurant une performance identique ou supérieure par rapport aux technologies traditionnelles.Sources : colunas.revistaepocanegocios.globo.com/empresaverde, cleantechrepublic.com, cleantuesday.com, eubrasil.eu, exame.abril.com.br, senairs.org.br/cntl, worldbank.org, wwf.panda.org
Bonjour,J’ai pris connaissance de cet article depuis Linkedin, grâce à Diane. Je reposte ici mon commentaire, sur ses conseils !Bonjour Diane [et bonjour Olivier !], et merci pour cet article.Le Brésil devra effectivement répondre à la question de comment continuer son développement sans augmenter outrageusement ses consommations en eau, énergie et matière par personne. Trouver une manière de se développer sans faire les mêmes erreurs que les pays les plus pollueurs : quel programme ! Les cleantechs sont là pour ça et mon ambition personnelle est de participer à cette révolution, en France comme au Brésil.Merci !
Bonjour Alexandre,Merci pour votre intérêt, je suis à votre disposition pour toutes questions par email.
Il est abusif de classer les agrocarburants parmi les cleantechs, leur bilan écologique n’est pas bon : lorsqu’on prend en compte tous les impacts indirects de leur production (déforestation, changement d’affectation des sols…), ils émettent plus de gaz à effet de serre que les carburants fossiles.
Brice,Le bilan environnemental du modèle de production extensive à base de canne à sucre est en effet dénoncé, entre autres pour les gains non avérés en termes de GES. Cela dit, les technologies évoluent de part et d’autre de l’Atlantique, sous l’effet de législations plus contraignantes et/ou de transferts de technologie:- En Europe, amendement d’octobre 2012 à la Directive 2009/28/EC ajoutant des objectifs progressifs d’incorporation d’agrocarburants de 2e génération et des critères de durabilité (prise en compte des effets indirects d’affectation des sols, ILUC)- Au Brésil, pas de législation aussi contraignante à l’heure actuelle, mais des partenariats technologiques avec les industriels européens ont vu le jour autour de la production d’agrocarburants lignocellulosiques, bagasse en tête. Reste à voir quel est l’avenir de la filière suite aux découvertes de gisements offshore au large des côtes brésiliennes..
Bonjour,J’ai pris connaissance de cet article depuis Linkedin, grâce à Diane. Je reposte ici mon commentaire, sur ses conseils !Bonjour Diane [et bonjour Olivier !], et merci pour cet article.Le Brésil devra effectivement répondre à la question de comment continuer son développement sans augmenter outrageusement ses consommations en eau, énergie et matière par personne. Trouver une manière de se développer sans faire les mêmes erreurs que les pays les plus pollueurs : quel programme ! Les cleantechs sont là pour ça et mon ambition personnelle est de participer à cette révolution, en France comme au Brésil.Merci !
Bonjour Alexandre,Merci pour votre intérêt, je suis à votre disposition pour toutes questions par email.
Il est abusif de classer les agrocarburants parmi les cleantechs, leur bilan écologique n’est pas bon : lorsqu’on prend en compte tous les impacts indirects de leur production (déforestation, changement d’affectation des sols…), ils émettent plus de gaz à effet de serre que les carburants fossiles.
Brice,Le bilan environnemental du modèle de production extensive à base de canne à sucre est en effet dénoncé, entre autres pour les gains non avérés en termes de GES. Cela dit, les technologies évoluent de part et d’autre de l’Atlantique, sous l’effet de législations plus contraignantes et/ou de transferts de technologie:- En Europe, amendement d’octobre 2012 à la Directive 2009/28/EC ajoutant des objectifs progressifs d’incorporation d’agrocarburants de 2e génération et des critères de durabilité (prise en compte des effets indirects d’affectation des sols, ILUC)- Au Brésil, pas de législation aussi contraignante à l’heure actuelle, mais des partenariats technologiques avec les industriels européens ont vu le jour autour de la production d’agrocarburants lignocellulosiques, bagasse en tête. Reste à voir quel est l’avenir de la filière suite aux découvertes de gisements offshore au large des côtes brésiliennes..