La 23ème édition de la Fashion Rio
Elle s’est déroulée du 15 au 19 avril et a confirmé l’importance du Brésil sur la scène internationale de la mode.
Au delà de la spécialité reconnue de la Fashion Rio en terme de beachwear, certains créateurs ont proposé des défilés sophistiqués et très élégants.
On relève particulièrement le raffinement des créations de Mario Filo et la collection de Filhas de Gaia sur le thème de l’Andalousie.
Les marques plus « streetwear » comme Oh Boy!, Osklen ou Espaço Fashion ont apporté une tonalité différente avec une mode urbaine et portable au quotidien.
Quant aux défilés de beachwear, la marque Blue Man a particulièrement marqué les esprits avec des créations sur le thème du baroque tropical.
La célèbre marque « Made in Ipanema » Lenny Niemeyer a quand à elle montré à quel point le beachwear est au Brésil une catégorie de mode à part entière faisant évoluer le maillot de bain en vêtements pour une promenade au bord de la mer ou un soirée au bord d’une piscine…
L’industrie de la mode au Brésil
Elle est, depuis plusieurs années, en pleine évolution. Le pays est le 4ème plus gros producteur de vêtements finis et le 5ème plus grand producteur mondial de textile.
Cette industrie est caractérisée par un revenu annuel de 63 milliards de dollars en 2011, concernant plus de 30 000 entreprises et employant 1,7 millions de personnes (2ème industrie en terme de création d’emplois).
En quinze ans, la Fashion Week de São Paulo est devenu le 5ème événement mode dans le monde après Paris, Milan, New York et Londres. Ce qui est le plus significatif de l’émergence du Brésil sur la scène mode internationale, est que, parmi les pays BRIC, le Brésil est le seul à avoir une industrie majeure dans le secteur avec de très nombreuses marques de prêt-à-porter et d’accessoires.
Cette émergence peut être expliquée par la grande croissance économique qu’a connu le Brésil ces dernières années et les changements démographiques associés, par la richesse du pays en matières premières et par l’isolation géographique qui a contraint le Brésil à produire sur place du 100% « Made in Brésil ».
Cette émergence du Brésil sur la scène mode internationale n’est cependant pas concrétisée ni par des exportations en dehors du Brésil, ni par une notoriété à l’international auprès des consommateurs étrangers.
Si on ne s’intéresse pas à la mode ni à l’actualité du Brésil, combien de consommateurs français sont capables de citer une marque brésilienne autre que Havaianas? Car en effet, 95% des vêtement produits au Brésil sont à destination du marché intérieur et seulement 5% pour l’exportation.
Selon Fernando Pimentel de l’ABIT (Associação Brasileira da Indústria Textil e de Confecção), « Le Brésil est un grand producteur et un grand consommateur de textile, mais pas encore un acteur important dans le marché mondial de l’habillement ».
Si, à partir de 2010 les exportations de textile ont augmenté de 20%, les importations ont quant à elle augmenté de 46%.
Malgré des droits de douanes très importants, les marques étrangères se sont installées au Brésil et connaissent un succès très important auprès des consommateurs brésiliens, concurrençant ainsi les marques brésiliennes qui devront redoubler d’effort et de créativité pour continuer d’exister.
Qu’est ce qui explique les difficultés des marques brésiliennes à exporter?
Tout le monde dans le milieu de la mode s’accorde à dire que les taxes imposées aux fabricants sont trop élevées, rendant les produits fabriqués au Brésil aussi chers que des marques internationales.
D’autres commentateurs pointent du doigt une législation du travail qui entrave la mise en concurrence des marques brésiliennes à l’export.
Enfin, certains, comme Oskar Metsavah, le créateur d’Osklen, expliquent la faible exportation du prêt-à-porter brésilien par le manque d’originalité et le manque de qualité de certains produits…
Si les challenges concernant l’industrie de la mode au Brésil restent nombreux, il est certain que l’incroyable énergie des créateurs brésiliens n’est plus à prouver. L’évènement proposé par le Bon Marché à Paris jusqu’au 22 juin 2013, intitulé « Le Brésil Rive Gauche » montre que les marques brésiliennes commencent à se déployer sur le marché français.
Ainsi, on espère pouvoir trouver bientôt en France, aussi bien dans la presse que dans les boutiques, des marques brésiliennes, ouvrant ainsi l’horizon mode des consommateurs français.
Par Anne-Sophie Sarthou pour My Little Brasil