Du 19 au 23 septembre 2011, se réunissait au complexe Sheraton de São Paulo, la crème de la crème de l’industrie automobile brésilienne. Directeurs stratégiques et financiers, chargés de relations gouvernementales, présidents de confédérations ou ingénieurs, tous étaient présents pour débattre du futur de l’industrie automobile brésilienne.
Si le 19ème Symposium International de l’Ingénierie Automobile (SIMEA) affichait pour thème central la compétitivité, la question de la main d’œuvre qualifiée a monopolisé le débat pendant plusieurs heures.
Le Brésil constitue aujourd’hui le 5ème marché automobile mondial et si l’on suit les projections de croissance économique et démographique, en 2022 le marché brésilien de l’automobile sera tel qu’il manquera 2,4 millions d’ingénieurs spécialisés dans ce secteur. La richesse du Brésil devrait augmenter, l’urbanisation et la croissance de la population devraient aussi renforcer la demande. Cependant, l’industrie automobile devra faire face à un problème majeur : le manque de main d’œuvre qualifiée. Aujourd’hui, les universités nationales ne forment pas suffisamment d’ingénieurs automobiles, et pis encore, sur les 30 000 ingénieurs diplômés annuellement au Brésil (à titre de comparaison 200 000 en Chine) 60% d’entre eux se dirigent vers des secteurs aux rémunérations bien plus attractives : le monde de la finance en tête de liste. A cette fuite massive d’ingénieurs vers le secteur non industriel s’ajoute le problème quasi structurel de l’éducation brésilienne.
Lors de son intervention, José Roberto Cardoso, Professeur-Docteur et Directeur de la prestigieuse Ecole Polytechnique de l’Université de São Paulo (POLI-USP) pointait du doigt l’origine du problème : « L’enseignement secondaire [brésilien] a délaissé les sciences dures au profit des sciences humaines. Avec deux heures de mathématiques et de physique-chimie par semaine, comment voulez-vous réveiller l’intérêt des lycéens pour l’ingénierie ? ». Cette interpellation s’est suivie d’un long débat sur le futur de l’industrie automobile et sur l’inévitable nécessité de recourir à la main d’œuvre qualifiée étrangère. Si le Brésil détient aujourd’hui les leviers pour booster sa production, au rythme actuel, le géant latino américain demeure dépendant de l’innovation technologique, qui elle, a lieu là où se trouvent les ingénieurs.
Autrement dit, si les entreprises prétendent développer des programmes intensifs pour se rapprocher des universités et attirer les ingénieurs nécessaires à leurs activités de recherche et développement, il est clair que sur les prochaines années, les constructeurs automobiles installés au Brésil auront massivement recours à la main d’œuvre qualifiée étrangère. Amis ingénieurs étrangers, en 1941 Stéphane Zweig écrivait « Brésil, terre d’avenir », soixante dix ans après c’est à vous de vous poser la question : Le Brésil, terre d’avenir pour les ingénieurs automobiles étrangers ?
Pauline Colas pour My Little Brasil