Premier jour dans une nouvelle école, une rentrée qui s’est faite en douceur. Le Lycée Pasteur est un mélange d’éducation à la française et de façon d’être très brésilienne. Cette diversité en fait un établissement où il est agréable d’étudier.
Le changement d’hémisphère force souvent les élèves à refaire ou à sauter six mois de cours en raison du décalage du calendrier scolaire : la rentrée se fait début février (après les vacances d’été) et l’année finit mi décembre. La différence d’ambiance est notable, ici, la priorité n’est pas forcément le travail acharné et le respect des échéances en ce qui concerne les devoirs à rendre ! La date limite est souvent purement théorique et il faut en général compter deux ou trois semaines pour que les copies soient au complet. Par contre, pour ce qui est événement et fête, on remarque que l’organisation est irréprochable et toujours dans les temps !
Le lycée Pasteur est différent de l’Institution des Chartreux où j’ai étudié en bien des points. Premièrement, l’uniforme n’est pas vraiment le même : je suis passée d’un établissement où épaules nues et jupes au dessus du genou étaient interdits au trio « débardeur-mini short-havaianas » !
La taille de l’école n’est pas non plus la même, ici, tout le monde se connait, les nouveaux arrivants, fils et filles d’expatriés qui représentent une minorité, sont généralement facilement accueillis et intégrés par les « Brésiliens » qui représentent environ 70% des élèves. Je dis « Brésiliens » parce que la plupart a au moins un parent francophone ou leur famille est installée au Brésil depuis tellement d’années que la langue reste l’unique lien avec la France.
De la maternelle à la terminale, le Lycée Pasteur compte environ 1000 élèves, et les classes sont parfois tellement réduites qu’il faut les regrouper. C’est le cas de ma promotion (2011) où les terminales ES et L ont été rassemblées, et quand bien même, la classe ne comprend que 25 élèves (dont seulement 3 garçons!). Bref, entre ceux qui sont scolarisés depuis leur plus jeune âge et les enfants d’expatriés qui ne font souvent que passer (pour quelques années) la cohabitation se passe bien. Parfois, on remarque quelques séparations entre « Brésiliens » et « Français » mais l’ambiance reste agréable et conviviale.
C’est le cas, en tout cas, des Terminales. Notre promotion compte une cinquantaine d’élèves et comme toutes les années, nous avons perpétué un certain nombre de traditions. Et ce n’est pas ce qui manque au Lycée. Plus que des traditions, les différents événements organisés au cours de l’année sont destinés à rassembler assez d’argent pour financer la Fête des Terminales, une sorte de Prom Night à la brésilienne qui a lieu après les épreuves du bac, en décembre.
En juin, les élèves organisent donc la Festa Junina (Fête de la St Jean) qui a lieu dans toutes les écoles brésiliennes. Les terminales montent différents stands payants : jeux divers, nourriture (crêpes, tapioca, caipirinhas…), maison hantée… qui ont pour but d’attirer le plus d’amateurs possible, les élèves, leur famille et amis, qui tout en s’amusant nous permettent de financer notre Fête. En fin d’après midi les Terminales présente la traditionnelle danse de la Festa Junina, habillés en caipira (paysan). C’est une journée épuisante pour les organisateurs mais c’est aussi là qu’il y a les profits les plus importants (environ 30 000 reais net cette année).
Mais les Terminales ne s’arrêtent pas là, le 12 Juin, le Dia dos Namorados (ou Jour des Amoureux, St Valentin du Brésil), un groupe de jeunes filles distribue dans les classes les roses commandées au préalable par les autres élèves. Chaque rose est généralement vendue 2 reais et chacun peut l’accompagner d’un petit mot personnel. L’achat et la répartition des fleurs constituent aussi souvent un travail considérable. Cette année, nous avons distribué plus de 3000 roses dans toutes les classes et 3000 petits mots, ça en prend du temps à recopier, mais rien ne vaut 6 filles autour d’une table rigolant ou s’attendrissant devant les déclarations enflammées ou anonymes, les nombreux surnoms ou les piadas internas (blagues personnelles).
Malgré tous ces événements, il ne faut bien évidemment pas oublier le travail scolaire, qui est certes moins important et lourd que ce à quoi j’étais habitué en France mais qu’il ne faut tout de même pas négliger.
Les programmes sont les mêmes qu’en France mais le gouvernement brésilien impose 3h de portugais et 2h d’Histoire et Géographie du Brésil par semaine. L’enseignement est dispensée en Français (sauf pour les heures réglementées par l’Etat brésilien) mais c’est le Portugais que l’on parle dès que la cloche sonne. Les relations avec le personnel éducatif restent plus détendues que ce dont j’avais l’habitude en France. Les élèves considèrent plus les surveillants comme des copains que comme des encadreurs mais sans pour autant leur manquer de respect.
Après le long mois de vacances en Juillet, il est donc temps de préparer le Bac Blanc mais toutes ces révisions sont bien souvent perturbées par les prévisions de la dernière semaine de cours. En effet, au Brésil, on ne fait jamais la fête à moitié. Les Terminales ne célèbrent donc pas le dernier jour de cours mais bien toute la semaine. Pour chaque jour, un thème différent est voté et il faut, par conséquent, prévoir ses déguisements à l’avance. Cette année, pour des questions de calendrier, il y aura 7 jours de festivités et autant de thèmes différents : échange de sexe, nationalité, pyjama, personnages, Halloween, musique et profession.Le dernier jour constitue tout de même l’apogée de la célébration de la fin du lycée : la troupe des Terminales armée de sifflets, bombes de mousse et autres objets bruyants passe dans toutes les classes pour manifester leur joie et souvent mettre les salles dans dessus dessous!
Après cette semaine de festivités, les élèves sont libérés de cours et les révisions commencent. Le Bac a lieu mi Novembre pour les lycées français d’Amérique du Sud (sauf Brasilia qui est réglé sur le calendrier français) qui dépendent tous de l’Académie de Poitiers. Pour les élèves brésiliens, c’est aussi la période des vestibular (concours d’entrée pour les universités). Mais les beaux jours nous font bien vite oublier toutes ces épreuves et les séjours à la plage entre copains sont la récompense de tous ces efforts.
Le Lycée Pasteur est donc un mélange d’éducation à la Française et de façon d’être Brésilienne. Cette diversité en fait un établissement où il est agréable d’étudier et où j’espère j’aurai lié des amitiés durables.
Par Olivia Cornand pour My Little Brasil
[NDLR: Olivia a suivi un cours préparatoire intensif à l’examen d’entrée à Sciences Po à l’IFESP entre janvier et mars 2012 et intégré Sciences Po Paris, campus euro-américain de Reims, en septembre 2012]
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