Jérémie Melki, passionné par la culture brésilienne, revient tout juste d’un voyage à São Paulo et Rio. Français, il vit au Canada depuis 2 ans et demi et partage avec nous sa passion pour le hip-hop brésilien.
Un petit rappel historique
Le hip-hop est une culture née au début des années 70 dans le quartier du Bronx à New-York. DJ Kool Herc, Jamaïcain ayant immigré vers les États-Unis, s’inspire des soirées de son île natale pour organiser la version américaine des dancehalls jamaïcains : les block parties. Bientôt les instrumentaux jamaïcains utilisés par DJ Kool Herc seront remplacés par la funk, les battle de dance s’improviseront (lancés par Afrika Bambaataa), les MCs prendront place au micro pour assurer l’ambiance, la culture hip-hop prendra alors forme et se fera connaître aux yeux du monde en 1979 avec le tube Rapper’s Delight des Sugarhill Gang.
C’est alors qu’au début des années 80, de nombreux pays vont s’intéresser à cette nouvelle culture, dont le Brésil.
La naissance du Hip-Hop au Brésil
São Paulo est une des premières villes brésiliennes à adopter cette nouvelle culture, et voit sa station de métro São Bento occupée par des MCs, des breakdancers, des DJs. Parmi eux, déjà quelques grands noms : Racionais MC’s (groupe de hip-hop phare à São Paulo), Thaíde (breaker puis MC), Back Spin Crew (groupe de breakdance).
Non loin de cette station, on y trouve la rua 24 de Maio, ou des disquaires spécialisés proposent les derniers CDs et DVDs, ainsi que du matériel pour platines à vinyles.
Mais São Paulo n’est pas la seule ville à s’intéresser au hip-hop : Rio de Janeiro a également sa place dans le hip-hop, avec Gabriel o Pensador, Marcelo D2, et My Bill, pour ne citer quelques-uns des plus célèbres.
Le hip-hop a toujours affiché son importance à sa géographie locale : le hip-hop américain est né dans le Bronx, son homologue français a commencé en banlieue parisienne et à Marseille, et au Brésil le hip-hop… vient des favelas. A São Paulo les artistes sont originaires de Diadema, ou encore São Bernardo do Campo. A Rio de Janeiro ce sera entre autres la très célèbre Cidade de Deus.
Mais le hip-hop est avant tout très étroitement lié à la culture locale. Ainsi les artistes utiliseront des samples de samba et forró, deux styles musicaux emblématiques du Brésil. Dans les années 90, Gabriel o Pensador, célèbre rappeur carioca, dénonce avec ironie sur fond de samba le chômage et la pauvreté dans sa chanson ‘A dança do desempregado’ (la danse du chômeur), le clip montrant le triste quotidien d’un carioca alors que Gabriel o Pensador enseigne au public cette danse à la mode.
Plus récemment, DJ Preto EL, originaire de Sao Bernardo do Campo à Sao Paulo, a créé avec Thiago Fernandes un mix entre samba (percussions assurées par le groupe Batuque Arte) et hip-hop.
Malgré les problèmes sociaux qui reviennent souvent dans les textes, le hip-hop brésilien sait également amuser. Ainsi My Bill, rappeur carioca engagé et auteur du très sombre documentaire ‘Falcão – Meninos do Tráfico’ (traitant des enfants impliqués dans le trafic de drogues), simule une dispute avec sa compagne (qui est interprétée par sa sœur Kmila CDD) dans le morceau ‘Estilo Vagabundo 3’ sorti en 2013.
Le hip-hop a donc sa place dans la culture brésilienne, même s’il souffre parfois d’une forte concurrence à Rio avec le funk carioca, style musical souvent confondu avec le hip-hop (car le chanteur semble rapper comme les MCs), mais dont les origines diffèrent (né du style musical ‘Miami Bass’).
Enfin, ne réduisons pas le hip-hop à Sao Paulo et Rio de Janeiro, malgré qu’il soit très présent dans ces deux villes, ainsi qu’à Brasilia. La région du Nordeste a aussi ses représentants du hip-hop, tels que RAPadura, vous pourrez en juger par ce très beau clip, filmé dans la région du Nordeste : ‘Norte Nordeste me veste’.
Si vous êtes curieux d’entendre du hip-hop brésilien ?
Je vous invite à écouter les deux web-radios suivantes :
–http://www.radiogigablack.com.br/ (administrée par DJ Preto EL)
–http://www.radiorapbrasil.com.br/
J’aimerais terminer cet article en remerciant 2 personnes qui m’ont beaucoup appris sur le hip-hop Brésilien :
–DJ Preto EL, que j’ai rencontré en février 2013 à São Paulo, et avec qui j’ai réalisé un documentaire amateur sur le hip-hop Brésilien.
–DJ TR, originaire de Rio de Janeiro, qui a écrit ‘Acorda Hip-Hop’ (Trad : Réveille-toi Hip-Hop), livre qui m’a inspiré pour l’écriture de cet article.
Par Jérémie Melki pour My Little Brasil
Superbe!
Et Criolo?
Merci pour ton commentaire +k
Je suis également fan de Criolo, un artiste qui a su évoluer au niveau musical, avec des morceaux très originaux, je promets d’en parler dans un prochain article 🙂
Bonjour, bel article en effet! J’aime bien Rappin Hood aussi au cas où tu ne connaîtrais pas.
Merci Pour ton mot Giovanna.
J’aime bien aussi Rappin Hood, j’ai justement entendu son morceau “Rap do bom” sur la web-radio “Radio Rap Brasil”.