Digital Factory Brazil reçoit Estelle Rinaudo : une jeune femme 100% entrepreneuse. Franco-italienne, elle décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale au Brésil avec Nanopop. Aujourd’hui elle revient sur son histoire et les difficultés qu’elle a affrontées avec succès !
Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs votre parcours ?
J’ai réalisé mes études en Italie à l’Université Lugi Bocconi. J’ai découvert le Brésil en 2004 dans le cadre d’un échange universitaire à la Fundação Getúlio Vargas à São Paulo. Je ne connaissais rien au Brésil avant de m’envoler pour ce pays pour une durée de deux ans. J’avais envie de découvrir cette culture tant appréciée en France.
Pour être franche, au début, je n’aimais pas le Brésil. Je ne parlais pas portugais et São Paulo est une ville très impressionnante quand on ne la connaît pas ! Mais avec le temps, je suis tombée amoureuse de ce pays si fascinant tant au niveau culturel qu’économique. Ce qui m’a le plus séduite c’est la simplicité des gens.
Alors qu’en Europe les personnes ont tendance à vivre dans le passé ou le futur, ici ils vivent dans le présent, tout simplement ! Après mon échange me voilà repartie en France, mais mon histoire avec le Brésil était loin d’être finie !
C’est donc en rentrant du Brésil que vous décidez de vous lancer dans l’entrepreneuriat ?
Effectivement, je me suis rapprochée de ma tante qui a créé Museworld, aujourd’hui Loftydreams. Elle a lancé cette entreprise en France et je l’ai rejointe en 2008. C’est un site internet éducatif, interactif et divertissant pour les petites filles (entre 6 et 14 ans).
Nous cherchions des investisseurs pour développer l’idée. En France nous n’avons pas trouvé une seule aide ! Selon les investisseurs, le stade de développement était trop initial. Lors d’un voyage en 2011 au Brésil je suis allée par hasard à une soirée d’entrepreneurs. Quand j’ai présenté le projet les investisseurs brésiliens semblaient très intéressés, prêts à investir et bien moins frileux qu’en France !
Finalement, à cause de nombreux problèmes légaux ces investissements ne se sont pas réalisés. Mais ce qui est incroyable c’est qu’en une semaine au Brésil j’ai fait ce que j’aurais mis 6 mois à faire en France.
Comment est né et s’est développé votre dernier projet, Nanopop ?
En 2012, j’ai eu l’opportunité de rentrer à la Singularity University. C’est dans ce cadre que j’ai travaillé sur mon nouveau projet Nanopop, application qui permet de transformer les photos en valeur sociale ou financière. Ce projet a tellement plu aux investisseurs que mes associés et moi avons intégré Pipa, incubateur Brésilien basé à Rio qui accompagne des projets à fort impact social.
Pipa nous héberge à titre personnel et professionnel et nous aide à développer le projet. Ce que j’apprécie c’est que l’incubateur nous laisse du temps pour développer et tester nos idées. Il y a des moments où il faut être irrationnel lorsqu’on entreprend.
Cela n’aide pas si les mentors mettent sans arrêt le doigt sur ce qui ne va pas ! Il faut guider les startupers sans leur couper les ailes. Trop de feedbacks tue l’imagination.
Pouvez-nous faire une petite comparaison de la sphère entrepreneuriale dans la Silicone Valley, à Paris et à Rio ?
Rio est encore loin de la Silicone Valley en terme de dynamique entrepreneuriale, mais c’est un marché qui se développe et qui est surtout très créateur et plein d’enthousiasme. On l’appelle d’ailleurs la Silicone Beach !
Le Brésil offre beaucoup d’opportunités tout simplement, car il est plus simple d’y connecter les gens entre eux !
Quelles sont les grandes difficultés que vous avez rencontrées en entreprenant au Brésil et comment les avez-vous affrontées ?
La première chose que j’ai trouvé extrêmement compliquée est la partie administrative. J’aurais aimé avoir quelqu’un qui, au niveau légal, m’aide dans tout ce process.
De plus l’engagement est un gros problème au Brésil. Le turnover est très important, notamment au sein des startups. Il faut donc comprendre quels sont les besoins des individus et vérifier jusqu’où ils sont prêts à aller !
Enfin les Brésiliens ne savent pas dire non ! Ils sont très évasifs. Il vaut mieux donc avoir des relations très directes avec les gens pour éviter tout malentendu. Je pense que ce qui m’a aidée ici, c’est mon caractère très empathique.
Je me demande souvent ce que je peux donner à quelqu’un pour qu’il me donne ce que je veux ! Je pense être plus psy que business woman parfois ! C’est très important, surtout avec les Brésiliens qui sont très dans « l’humain ».
Par Alexandrine Brami et Alicia Fournier, pour Digital Factory Brazil
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