
My Little Brasil a rencontré Jochen Stevens, entrepreneur belge, qui a réalisé le rêve de beaucoup d’Européens : implanter un peu de la culture gastronomique de son pays au Brésil. Le fruit de son travail, Opakee, un charmant café au cœur de Vila Madalena, s’est fait connaître grâce à une idée novatrice au Brésil : commercialiser les fameuses gaufres belges faites maison, au pays où le brigadeiro et la gelatina sont rois.
Quel a été le processus qui a mené à la création d’Opakee ?
L’idée d’Opakee [expression de surprise venue d’un dialecte flamand, ndlr], m’est venue en 2009. Je résidais alors au Brésil depuis un an, et je gagnais ma vie en tant que professeur d’anglais. Je me suis vite senti limité dans cette activité, en termes de perspectives d’avenir. J’ai alors commencé à réfléchir aux options qui s’offraient à moi. Je sentais qu’il y avait quelque chose à faire au Brésil avec la gastronomie belge. J’ai observé, enquêté. Je me suis rendu compte que les Brésiliens sont fanatiques de nourriture sucrée, de desserts. De plus, j’ai pris conscience qu’importer et commercialiser des produits comme la bière ou le chocolat belge serait un enfert : la loi brésilienne est très stricte en matière d’importation et les taxes sont élevées (quand vous parvenez à faire libérer votre marchandise de la douane !)
Les gaufres belges me sont alors apparues comme une évidence : réalisables exclusivement à partir de produits nationaux, elles sont accessibles, innovantes sur ce marché et répondent à une demande des Brésiliens, qui aiment les produits sucrés et les desserts.
De plus, ce produit est reconnu et courant aux Etats-Unis, un pays qui fait réellement rêver les Brésiliens, qui cherchent souvent coûte que coûte à adopter les habitudes des Américains.
Comment avez-vous concrétisé votre projet ?
Au cours de mes discussions, j’ai ressenti un réel pessimisme chez les gens à qui j’exposais mon projet quant à la possibilité d’ouvrir mon propre commerce. Tous me parlaient du degré de complexité du Brésil, qui plus pour un étranger dépourvu de réseau. Comment contourner ce problème ? J’ai décidé d’acheter un combi Volkswagen. Je l’ai aménagé, j’y ai fait de réels investissements, comme installer un générateur, pour qu’il supporte la puissance des machines que j’utilise. J’ai commencé à me déplacer d’un quartier à l’autre, tous les jours, pour vendre mes gaufres. Ça n’a pas du tout marché ! Sans doute les préjugés associés au non-respect des règles d’hygiènes, commun dans ces postes de vente mobiles. Ensuite, j’ai décidé « d’installer » mon combi exclusivement dans le quartier Jardim Paulista. C’est là que mon projet a commencé à décoller.
Très vite, je me suis créé une vraie clientèle. La curiosité des gens qui me posaient mille questions sur les gaufres, m’a permis de comprendre que j’avais vu juste : il y avait un réel marché à conquérir ! Un jour, lors d’une opération spéciale de police, mon combi m’a été confisqué. La police était passée à côté de mon commerce cent fois, sans jamais rien trouver à redire… Mais ce jour-là avait lieu un évènement majeur à São Paulo [ la Gay Pride, ndlr], et ils avaient reçu l’ordre de « nettoyer ». C’est comme ça au Brésil, pays de l’inattendu…
Mais j’avais pris confiance en mon idée. J’ai décidé de concrétiser mon projet de base, et d’ouvrir un café. Retour à la case départ, mais avec l’expérience et la confiance en moi en plus.
En cherchant un local dans le quartier de Jardim Paulista, dont je connaissais l’importance de la clientèle potentielle, j’ai vite déchanté. Le loyer de base est R$6000, avec une taxe appelée louva (littéralement gant), qui représente le fond de commerce à payer à la signature du bail. Cette taxe atteind facilement R$100.000. Inenvisageable. Je me suis alors intéressé à Vila Madalena, où j’ai trouvé le local que j’occupe actuellement, avec un loyer raisonnable et sans louva.
Quels sont vos conseils pour entreprendre au Brésil ?
1. Tout d’abord, identifier un produit, ou un marché, qui n’existe pas, ou peu au Brésil. Vous créerez difficilement le buzz en vendant des « French Fries », ou de la bière importée, ce sont des classiques ici. Trouvez un marché « niche » et engouffrez vous-y. D’après mon expérience, il existe un grand potentiel sur le marché brésilien pour les produits sains et faits maison.
2. Parlez, parlez, parlez de votre projet. Ecoutez les avis des autres. Renseignez-vous sur la demande, et les habitudes de consommation dans les différents «bairros» (quartiers). Faites des recherches, renseignez-vous sur la législation, et dans quelle mesure elle est appliquée et sévère.
3. Si votre budget est limité, n’hésitez pas à commencer petit et soyez patients.
Entreprendre au Brésil pour un étranger : c’est compliqué ?
Tout d’abord, ce n’est pas aussi difficile que cela peut paraître ; rien n’est impossible. Cependant, sans l’aide d’un bon comptable, la réalisation de mon projet aurait été impossible. J’ai sans doute eu de la chance, car il s’occupe de toutes les démarches administratives relatives à mon commerce.
La bureaucratie vous donnera du fil à retordre. Au bout de 3 ans, j’attends toujours mon RNE (Registre National d’Etrangers), le sésame, le graal, et source de frustration majeure pour bon nombre d’entre nous…
Quels sont vos projets pour le futur ?
Sur le long terme, je souhaite investir, ouvrir trois ou quatre cafés Opakee, et pourquoi pas, un jour, une franchise. Plus tard, m’installer dans un centre commercial, car c’est là qu’est la clientèle qui permet de gagner suffisamment pour investir à grande échelle. Au Brésil, tous les business qui ont du succès finissent par s’ouvrir dans un centre commercial. Dans l’immédiat, ma priorité est la croissance de mon café, réussir à développer ma clientèle et mes produits, pour générer des profits.
Rendez-nous visite !Opakee Belgian Waffles, Rua Wisard, 396, Vila Madalena, São Paulo
Par Marielle Schneider pour My Little Brasil
[participez]
Félicitations pour l’interview, a vraiment apprécié votre travail et je peux confirmer que les gaufres belges sont un délice. Déjà essayé les gaufres de Opakee ici à Sao Paulo et moi pouvons vous assurer que sont grand encore… Salutations.
Félicitations pour l’interview, a vraiment apprécié votre travail et je peux confirmer que les gaufres belges sont un délice. Déjà essayé les gaufres de Opakee ici à Sao Paulo et moi pouvons vous assurer que sont grand encore… Salutations.