
Parmi la liste de mes résolutions prises vers la fin du mois de décembre 2009, et parmi les résolutions qui ont survécu à ma perte de mémoire traditionnelle du 1er janvier, il y eût celle de postuler pour un MBA.
“Have you ever experienced culture shock?”
Outre le travail d’identification de pays et de campus cibles, le bachotage du GMAT, l’analyse des statistiques de réussite au GMAT et la prise de conscience que je ne suis pas né chinois, il m’a fallu trouver les ressources pour remplir un dossier d’admission et risquer de me plonger dans une introspection abyssale: “Have you ever experienced culture shock? What did it mean to you? (250 words approx.)”. Okay. Me voilà incapable de répondre sincèrement à cette question. Introspection. Je me revoyais dans mon berceau, dorloté et chouchouté à grands soins pour que, justement, il m’arrive le moins de chocs possibles dans ma vie. Surtout, à chaque fois que j’entendais parler de choc culturel, c’était en fait le choc d’un pote. J’ai appelé ces potes, j’ai pris des verres, je leur ai mis dans la tête qu’ils avaient un profil de MBA, puis de mon côté j’ai commencé à écrire le récit d’une aventure qui se serait passée au Brésil (sans doute à cause de la biographie de Magellan par Stefan Zweig qui traînait sur mon chevet – et de laquelle je n’avais en fait lu que la biographie de l’auteur).
Choc culturel, témoignages
Of course, je commence par aller pêcher de l’info sur le terrain… électronique (blogs, forums d’expatriés, wikipedia, etc.), puis je me résous à broder autour du témoignage d’un francophone expatrié qui je ne sais pas pour quelle raison farfelue à trouver le moyen de parler de choc culturel qu’il aurait éprouvé au Brésil. Évidemment, cela n’a pas été si simple. Je n’avais pas l’intention de tomber sur la réponse toute cuite, et j’ai googlé sans relâche jusqu’à taper «je vais vous raconter comment s’est passé mon choc culturel».
La première réponse de Google est un échec cuisant, il me fait tomber sur psychologies.com et un fameux article qui s’intitule « Mon mari me trompe avec des prostituées ». Je décide de m’en tenir à des recherches de type plus télégraphiques « Brésil Brazil + culture shock + choc culturel ». Finalement, le témoignage du francophone en question était relativement flippant, on y parlait de drogues très très dures, de voyous très méchants, de favelas, de visas très compliqués à avoir, et puis, crème sur le gâteau, un florilège d’abréviations ni conventionnelles ni courantes du genre CPF, RNE, et rien de très utile pour mon MBA.
Arrivée à São Paulo
Vers l’époque de la fête de la bière de 2010, j’ai finalement troqué mon MBA contre l’idée de travailler à l’étranger. Après 5 ans dans les métiers de la finance, plus ou moins en international, et très précisément à Paris, je me suis convaincu que je devais émerger. Après avoir évacué la Chine et l’Inde dont les statistiques en GMAT m’avaient clairement intimidées, je me suis imaginé Brésilien, puis je suis retourné sur des blogs, puis j’en ai parlé à mes potes qui ont eu plein de chocs culturels dans leur vie et qui savent en parler, puis je suis parti m’installer à Rio, j’y ai appris la langue, j’ai regardé encore une fois « Yes Man » avec Jim Carrey, j’ai doublé mon nombre d’amis sur facebook, j’ai chatté en portugais, j’ai écris des centaines de « kkkkkkk », « ahahahahah », « rsrsrsrsr » sans vraiment en capter le sens, puis j’ai débarqué à São Paulo. Une ville qui regorge d’opportunités pour des entrepreneurs qui ont de l’imagination et même pour ceux qui en ont peu. Imagine qu’on est dans les années 70s en Europe, les champions nationaux se dessinent, qu’il n’y aura pas de choc pétrolier ni culturel et que Blade Runner est enfin sorti en 3D.
“Les Français aiment les gens qui les aiment”
Enfin un hélicoptère m’a dit qu’il y existe un pont aérien entre la France et le Brésil sur lequel tu gagnes plein de points de vie sur ton chemin, le pilote s’est décidé à en placer une « sans doute à cause du fait que les Brésiliens aiment la France et que les Français aiment les gens qui les aiment ». Je tiens à signaler l’hélico a raison, mais les points de vie que tu gagnes sur le chemin, tu les perds assez rapidement (carnaval, carnaval, carnaval). Et commenter l’assertion du pilote, c’est une chance inouïe de bénéficier d’une image positive lorsque l’on est soi-même immigrant. Mon conseil c’est : va, cours t’inscrire à des cours de portugais, parce que (et là c’est mon dernier secret), si tu parles portugais brésilien et que tu es français, tudo bem, c’est le red carpet mon ami, tu émerges bien plus qu’à travers des chiffres de croissance de PIB.
Et pour en finir avec ce choc culturel, +15 mois et toujours aucun signe. Dans des prochains posts, je resterai tout aussi naif et optimiste et je te parlerai des femmes brésiliennes, du carnaval et des meilleurs spots de surf du pays.”… Tudo bem.
Pour s’intégrer pleinement au Brésil, une seule solution…
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Questions qui ont été posées à Matthieu suite à la publication de l’article : Quel métier exerçait tu à Paris ? Quel est ton métier maintenant à SP? T’as pris des cours de portugais en France avant de faire le grand saut ? Qui a pris en charge l’obtention de ton visa de travail ? Réponse: Métier a paris: fonds de privé equity, asset managementPrise en charge de mon visa: assessoria ateneChronologie: aucune heure de cours en France – professeur contractée à rio via l’association biao a paris (contact lamartine biao): deux semaines a 6h par jour ; 4 semaines a 3 heures par jour. J’avais rencontré un entrepreneur qui avait un projet de monter une boutique d’investissement. Ce projet s’est concretisé, et j’ai rejoins São Paulo pour monter le bureau avec 2 autres associés. J’ai pris en charge le visa (2 500 reais) de l’avocat- dispatchant. A vrai dire, on a fait 50/50 avec la société. Mais comme on est dans le cadre d’une création de société, c’est normal. Je n’ai pas encore le visa investisseur parce que j’ai pas mis d’argent dans la société, juste du temps et du travail.Si vous voulez je peux transmettre les contacts chez Atene e Biao a paris qui a une école de langues. Toute ma premiere année, j’ai été sponsorisé par mon ancien employeur… Qui a maintenu mon salaire a 80/100. Ce qui aide. En gros je ne suis pas un cas facilement replicable. Mon conseil: se blinder sur la langue avant d’envoyer tout CV – rencontrer le plus de monde qui est dans un projet de creation de société, ce sont ceux qui connaissent tous les galeres et bons plans et ensuite se présenter a un recruteur avec une histoire bresilienne a raconter (un peu de contenu prouvant que tu as pu valider ton desir d’integration) et que tu as fait des efforts pour apprendre la langue. Aussi: connaître par coeur toutes les combinaisons pour obtenir un visa (pour montrer a ton employeur, s’il n’a pas l’habitude, que d’employer un gringo c’est pas la mer a boire). Les avocats renseignent gratos. Mon metier: banque d’affaires bresilienne, avec un focus sur les transactions internationales (manda, business develoment, conseil). On est 4 aujourd’hui (2 francais, 2 brésiliens) plus un stagiaire et une banque associée en Europe qui ramènent des affaires.
Questions qui ont été posées à Matthieu suite à la publication de l’article : Quel métier exerçait tu à Paris ? Quel est ton métier maintenant à SP? T’as pris des cours de portugais en France avant de faire le grand saut ? Qui a pris en charge l’obtention de ton visa de travail ? Réponse: Métier a paris: fonds de privé equity, asset managementPrise en charge de mon visa: assessoria ateneChronologie: aucune heure de cours en France – professeur contractée à rio via l’association biao a paris (contact lamartine biao): deux semaines a 6h par jour ; 4 semaines a 3 heures par jour. J’avais rencontré un entrepreneur qui avait un projet de monter une boutique d’investissement. Ce projet s’est concretisé, et j’ai rejoins São Paulo pour monter le bureau avec 2 autres associés. J’ai pris en charge le visa (2 500 reais) de l’avocat- dispatchant. A vrai dire, on a fait 50/50 avec la société. Mais comme on est dans le cadre d’une création de société, c’est normal. Je n’ai pas encore le visa investisseur parce que j’ai pas mis d’argent dans la société, juste du temps et du travail.Si vous voulez je peux transmettre les contacts chez Atene e Biao a paris qui a une école de langues. Toute ma premiere année, j’ai été sponsorisé par mon ancien employeur… Qui a maintenu mon salaire a 80/100. Ce qui aide. En gros je ne suis pas un cas facilement replicable. Mon conseil: se blinder sur la langue avant d’envoyer tout CV – rencontrer le plus de monde qui est dans un projet de creation de société, ce sont ceux qui connaissent tous les galeres et bons plans et ensuite se présenter a un recruteur avec une histoire bresilienne a raconter (un peu de contenu prouvant que tu as pu valider ton desir d’integration) et que tu as fait des efforts pour apprendre la langue. Aussi: connaître par coeur toutes les combinaisons pour obtenir un visa (pour montrer a ton employeur, s’il n’a pas l’habitude, que d’employer un gringo c’est pas la mer a boire). Les avocats renseignent gratos. Mon metier: banque d’affaires bresilienne, avec un focus sur les transactions internationales (manda, business develoment, conseil). On est 4 aujourd’hui (2 francais, 2 brésiliens) plus un stagiaire et une banque associée en Europe qui ramènent des affaires.