
Après avoir travaillé pour L’Oréal et pour LVMH, Stéphane s’est lancé dans l’entrepreneuriat au Brésil. D’abord dans l’export d’accessoires de mode puis dans la production audiovisuelle et d’événements sportifs, notamment la Copa Gringos. Retour sur son histoire d’entrepreneur au Brésil.
Stéphane, comment êtes-vous arrivé au Brésil ?
Je suis diplômé de l’EM Lyon. Après avoir travaillé pour LVMH et L’Oréal, j’ai compris que je n’avais pas le profil corporate. Je suis quelqu’un de polyvalent, d’indépendant, de créatif et je ne pouvais pas exprimer toutes ces facettes dans ces grands groupes. J’étais chef de produits et je voulais toucher à tout : à la com, à la création, au packaging… mais on me disait : « il y a d’autres départements qui sont là pour ça, toi tu es là pour les faire travailler ».
J’ai donc quitté L’Oréal, avec un fort attrait pour l’Amérique Latine. Je suis d’abord allé au Chili que je connaissais déjà, puis j’ai voulu aller au Brésil. M’y sentant terriblement bien, j’ai tout fait pour y rester. J’ai commencé par un petit business d’exportation d’accessoires de mode brésiliens. Je me suis associé à Fernanda qui faisait de jolis porte-clés porte-bonheur, plein de grigris et de fitas de bonfim. On était en 2005, c’était l’année du Brésil en France, et ces accessoires ont cartonné. On a monté un petit atelier ensemble, une sorte de coopérative familiale avec ses sœurs et ses beaux-frères, tous du Maranhão.
L’Oréal, Louis Vuitton, et cet atelier… pourquoi avez-vous arrêté ?
Ça a très bien fonctionné pendant 5 ans. Mais on a dû faire face à plusieurs difficultés. A l’époque, j’étais plus souvent à Paris qu’à São Paulo et la gestion, la logistique de l’atelier fonctionnait difficilement quand je n’étais pas là. Il faut dire que Fernanda n’avait pratiquement jamais fréquenté l’école, elle avait débarqué à 14 ans à São Paulo, venant du fin fond du Maranhão et il a fallu lui enseigner les bases de la gestion, les chiffres, pour passer ses commandes de fournitures, remplir des bordereaux Fedex, faire des factures, etc…
Au final, j’étais seul à devoir tout contrôler, y compris les dépenses de l’atelier. Fernanda et ses sœurs se sont mises à gagner de l’argent, elles n’y étaient pas préparées, et elles ont peu à peu perdu la rigueur du respect des délais et de la qualité.
Mais la raison la plus importante vient de ce fameux “coût Brésil”, devenu beaucoup trop élevé, à cause notamment de la valorisation du réal. Mes produits n’étaient plus compétitifs par rapport aux concurrents de Chine ou d’Inde. Et puis la mode des accessoires brésiliens est passée… Bref, j’ai surfé sur la vague le plus longtemps possible mais il a fallu se résoudre à arrêter quand la crise de 2009 est arrivée en Europe.
Et comment vous êtes-vous reconverti ?
Mon visa investisseur déjà en poche, je ne voulais pas rentrer. Grand passionné de foot, j’ai lancé un concept de tournois de nuit, la Virada de Futebol, sorte de nuit blanche du foot La 10ème édition aura lieu le 7 décembre. Avec plus de 1000 matchs organisés, j’ai acquis une expérience dans le domaine et aujourd’hui je lance la Copa Gringos, la Coupe du Monde des étrangers de São Paulo, un grand projet en partenariat avec le Consulat de France.
32 équipes, de 32 pays différents, 8 poules de 4 équipes, une vraie Coupe du Monde quoi ! Il y aura 2 grandes soirées qui marqueront le début (tirage au sort) et la fin (remise des prix) de la Copa Gringos.
Vous préparez actuellement un documentaire sur le foot dans les favelas…
Oui, j’ai commencé à m’intéresser au monde audiovisuel il y a environ un an, toujours centré sur le thème du foot. Avec l’avènement de la Coupe du Monde, je voulais montrer les vraies racines du foot au Brésil. Sortir un peu des clichés que les chaînes de TV françaises montrent sur le Brésil (Copacabana, le foot sur la plage à Rio, avec les filles en bikini en toile de fond…).
Avec Eliot Fritel et Anne-Laure Desarnauts nous avons suivi pendant un an une équipe amateur d’une favela de la Zona Leste de São Paulo. Nous avons réussi à gagner la confiance de tout le monde, supporters, joueurs, dirigeants. Le foot est un prétexte pour montrer cette réalité sociale méconnue, ce Brésil qu’on ne voit pas sur la carte postale. Nous avons eu la chance de croiser des personnages incroyables et, à travers eux, nous avons accompagné la saison de foot de l’équipe, Noroeste de Vila Formosa. Le concept a plu à ESPN au Brésil et à Canal+ en France et nous sommes actuellement en plein montage du documentaire. Il passera d’abord au Brésil les 18,19 et 20 décembre à 20h 2013 sous la forme de 3 épisodes de 30 minutes sur ESPN.
J’espère qu’il montrera à quel point le foot est une valve de décompression et a un véritable rôle social pour tout un quartier. Le dimanche, il y a 2000 personnes qui font corps autour de leur équipe, pour du foot amateur, c’est énorme. C’est là qu’on ressent la vraie passion des Brésiliens pour le foot et pas seulement pour les grandes équipes comme São Paulo ou les Corinthans.
Merci Stéphane. Dernière question : un bar préféré à São Paulo ?
Oui, la Mercearia São Pedro, qui existe depuis 1968 à Vila Madalena. Mes amis brésiliens fréquentent le bar depuis 20 ans, il n’a pas changé, les garçons non plus. Ambiance un peu artiste, alternative, décontractée.
Par Camille de Bernis pour My Little Brasil
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J’adore les documentaires et je suis intéressé à voir ce futur documentaire, sera-t-il possible de le voir également sur le net ou d’autres chaînes ? (j’habite au Canada)
J’adore les documentaires et je suis intéressé à voir ce futur documentaire, sera-t-il possible de le voir également sur le net ou d’autres chaînes ? (j’habite au Canada)
Bravo Camille. Excellent entretien ! J’ai tout simplement adoré ce portrait.
Bravo Camille. Excellent entretien ! J’ai tout simplement adoré ce portrait.
Très beau parcours qu’est le tien. Ma copine est de Sao Paulo et j’ai pour objectif d’y retourner et m’installer, je suis un train de créer un pécule. J’aimerai en savoir plus sur le business au Brésil, si tu peux me contacter pour une échange, j’en serai honore.
Très beau parcours qu’est le tien. Ma copine est de Sao Paulo et j’ai pour objectif d’y retourner et m’installer, je suis un train de créer un pécule. J’aimerai en savoir plus sur le business au Brésil, si tu peux me contacter pour une échange, j’en serai honore.