Lilian Palhares, traductrice anglais-français-portugais parle de son métier et de sa passion : la traduction littéraire. Elle nous procure ses conseils pour un jeune traducteur qui débute au Brésil et qui souhaite faire sa place.
Les enjeux de la traduction littéraire
La traduction est un métier intéressant mais difficile. En travaillant depuis 16 ans comme traductrice freelance, je suis amenée à m’exprimer de façon claire, précise et fidèle afin de respecter toutes les nuances du texte. En tant que traductrice littéraire, il a fallu m’adapter rapidement à des sujets divers. C’est toujours un exercice ardu qui exige de réelles capacités pour faire ressortir l’esprit d’un auteur étranger. Il ne s’agit pas seulement d’assembler des mots, mais plutôt de disparaître derrière l’œuvre en faisant que le lecteur ne pense pas que sa lecture est une traduction.
Marcel Proust disait que “le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux”. En ce qui concerne les lecteurs, cela explique le véritable métier du traducteur littéraire : contribuer pour que la lecture soit une vraie découverte. C’est-à-dire, que le vrai voyageur pourra lire l’histoire, mais aussi voir l’inattendu, des nuances, tout en gardant la sensation du texte présenté, libre de jugements et de dogmes. La clé consiste à l’amener à élargir ses horizons.
Plusieurs traducteurs débutent dans ce métier sans formation en oubliant qu’il s’agit d’un travail qui demande des aptitudes, une imagination et des bonnes connaissances culturelles. Pour passer d’une langue à une autre, l’interprète doit avoir des compétences et une expérience dans un genre spécifique et maitriser les spécificités propres à chaque langue pour que le mot puisse avoir du sens. De mon côté, j’ai choisi la sociologie, la théologie et l’anthropologie comme mon réseau de travail. Il faut avoir une spécialité, personne ne peut traduire tous les sujets.
Pour chaque œuvre traduite, le traducteur est invité à s’enfoncer dans un monde riche et plein de significations, parfois nouveau. C’est très amusant, et enrichissant. C’est une manière de s’enivrer de poésie et de vertu, comme le conseille bien Charles Baudelaire.
Le métier de traducteur au Brésil
Pour le jeune traducteur qui arrive au Brésil, je vous conseillerais de voir votre métier comme une Gymkhana dont le résultat dépend non seulement de la compétitivité mas surtout de la capacité, de l’habilité, il faut être bien à l’aise avec les mots, le style, la musicalité contenu dans le texte à être traduit. Essayer de bien comprendre les argots et les expressions idiomatiques est crucial pour ne pas dénuer les sens d’une phrase.
Créer un networking solide en contactant les maisons d’édition, les entreprises directement, où en participant à des réseaux de relations professionnelles (Linkedin, site de traduction etc.). Tout cela vous aidera à vous placer et à vous approfondir dans le marché brésilien de la traduction. Surtout, n’ayez pas peur de commettre de fautes, des ambiguïtés. Nous sommes tous de traduttore, traditore!
Par Lilian Palhares pour My Little Brasil