
Cette question pourrait revêtir une forme plus simple, comme par exemple : être ou ne pas être assez courageux, convaincu, ou encore inconscient pour être artiste dans le monde ?
Ce qui est indéniable est que l’artiste indépendant, celui qui n’est pas rattaché à un groupe, lui–même subventionné par un organisme plus grand, plus riche ou même par l’Etat, va devoir jongler que ce soit au Brésil, en Europe ou partout ailleurs! Mais passons rapidement sur les zones d’ombres et intéressons nous à ce qui se passe aujourd’hui dans la société brésilienne au niveau culturel.
Mon parcours a été plutôt atypique ; cependant je pense qu’il est assez représentatif de l’envie de beaucoup d’européens de s’expatrier en Amérique du Sud. Je suis une comédienne française formée à l’Ecole des Art et Techniques de l’acteur Claude Mathieu à Paris.
Parallèlement j’ai suivi des études de lettres axées sur le théâtre à la Sorbonne Nouvelle. A ma sortie de l’école, j’ai monté ma propre compagnie de théâtre en collaboration avec deux autres acteurs et j’ai également intégré plusieurs autres compagnies afin de faire vivre de nombreux rôles.
Au cours d’un séjour à San Francisco, en Californie, j’ai rencontré une photographe brésilienne très talentueuse, Ana Homannay qui m’a montré des clichés de plusieurs lieux du Brésil. Et ça été le coup de foudre. Un an après, mon appareil photo à la main, j’ immortalisais à mon tour la petite église de Bahia que j’avais connu grâce à Ana.
De retour à Paris, j’étais sur les planches du Théâtre du Soleil, dans un magnifique spectacle dirigé par Hélène Cinque mais l’envie de tout abandonner pour goûter à nouveau aux saveurs exotiques du Brésil m’envahit. Entre deux périodes de représentation je décide de répéter mon expérience brésilienne mais cette fois-ci à l’Institut de recherches théâtres de l’Université de São Paulo. Après mes 6 mois d’échange, je ne voulais plus repartir.
Je dois avouer que je n’ai pas réellement décidé de rester vivre au Brésil, mais c’est le pays tout entier qui m’a adopté peu à peu. Je ne saurais expliquer comment 3 années et demie se sont écoulées si vite et je vis toujours à São Paulo… les 6 mois initialement prévus étaient bien trop peu ! Je crois que la chose la plus étrange quand un artiste décide de s’expatrier, qu’il soit peintre, musicien ou acteur, est qu’il est obligé de naitre à nouveau.
Ces métiers se construisent grâce aux relations avec les autres artistes, ou grâce aux rencontres avec les personnes qui gèrent les ressources financières, ou des gens plus établis qui conseillent les novices. Voila pourquoi, encore plus que dans un autre domaine, les artistes doivent, quand ils s’expatrient si loin, recommencer depuis le début. Mais ne me comprenez pas mal, ce procédé est extrêmement enrichissant.
C’est l’occasion d’une remise en question sur les erreurs que l’on a pu commettre et que l’on ne veut pas reproduire ou encore les chemins que l’on doit absolument suivre pour atteindre nos objectifs. Les apprentissages du passé ne s’oublient pas. Ils permettent de connaitre un peu mieux les difficultés qu’il faudra affronter. Mais les choses se font ici en douceur, en confiance. Car la population brésilienne a une curiosité de l’autre et une générosité à accueillir les autres cultures absolument magnifiques.
Les Brésiliens sont sincèrement intéressés de savoir quel a été votre parcours, pourquoi ces choix, et comment s’enseigne tel ou tel chose de l’autre côté de l’Atlantique. Les plus importantes compagnies de théâtre de São Paulo se rencontrent régulièrement pour partager leurs expériences et leurs questionnements face à l’avenir. Après deux ans au Brésil, j’étais de nouveau sur les planches mais cette fois en Amérique latine après avoir gagné un concours du ministère de la culture qui nous a permis de financer cette pièce.
Je travaille aussi comme free-lance dans la production culturelle ; que ce soit en musique, en photo et bien entendu en théâtre. Il me semble qu’au Brésil on confie plus facilement des responsabilités aux jeunes. Nous avons de l’espace pour affirmer nos connaissances et nos qualités. La communication et la chaleur humaine qui manquent à beaucoup d’européens, sont ici cultivées, appréciées et partagées en toute spontanéité. D’ailleurs pour se dire bonjour, ici, on se prend dans les bras…
Par Camille Bonnenfant pour My Little Brasil
Oba Oba, tudo bem tudo boaet bien là est la justesse,et aussi l’energie de l’artiste, de tous reunis….
Oba Oba, tudo bem tudo boaet bien là est la justesse,et aussi l’energie de l’artiste, de tous reunis….
Salut Camille
J’ai un Master en Arts Plastiques, un Diplôme de maîtrise pédagogique (pour être prof, quoi), et un amoureux qui m’attend à Sao Paulo. J’ai déja vécu 2 ans au Brésil (1 an + 1 an) mais toujours avec un visa + ou – touristique/étudiant.
Maintenant qu’il est temps de faire le grand saut j’essaye de me renseigner un max sur les différentes possibilités pour m’installer là bas définitivement (moi aussi je sais ce que c’est de tomber amoureuse du Brésil) et donc je voudrais savoir… Comment t’as fait? Ton article est le seul truc positif que j’ai lu entre les dizaines de forums qui disent que c’est iiiiiimpossible pour les européens d’obtenir un contrat de travail etc etc etc…(bref, des trucs pas très motivants) et vraiment je suis curieuse de savoir comment tu as fait au début pour t’en sortir et pour pouvoir t’installer pour de bon, gagner ta vie, payer ton loyer… bref, tous les aspects pratiques du parcours du combattant !
Merci d’avance pour tes conseils
Pauline
Salut Camille
J’ai un Master en Arts Plastiques, un Diplôme de maîtrise pédagogique (pour être prof, quoi), et un amoureux qui m’attend à Sao Paulo. J’ai déja vécu 2 ans au Brésil (1 an + 1 an) mais toujours avec un visa + ou – touristique/étudiant.
Maintenant qu’il est temps de faire le grand saut j’essaye de me renseigner un max sur les différentes possibilités pour m’installer là bas définitivement (moi aussi je sais ce que c’est de tomber amoureuse du Brésil) et donc je voudrais savoir… Comment t’as fait? Ton article est le seul truc positif que j’ai lu entre les dizaines de forums qui disent que c’est iiiiiimpossible pour les européens d’obtenir un contrat de travail etc etc etc…(bref, des trucs pas très motivants) et vraiment je suis curieuse de savoir comment tu as fait au début pour t’en sortir et pour pouvoir t’installer pour de bon, gagner ta vie, payer ton loyer… bref, tous les aspects pratiques du parcours du combattant !
Merci d’avance pour tes conseils
Pauline