Deuxième partie La politique de l’éthanol est actuellement une spécialité brésilienne, pourtant elle fait fasse à diverses contestations. (Ne manquez pas la première partie de l’article)
Ethanol = déforestation ?
Depuis maintenant 4 ans que je travaille sur la question, le Brésil fait figure de grand méchant avide d’une déforestation au profit de grand lobbys. Or, il n’en n’est rien. Il n’y a que très peu de champs de canne en Amazonie. Le climat ne s’y prête pas et la majorité des grand lobbys recherche avant tout de grandes plaines. Aujourd’hui, le pays dispose de 851 millions d’hectare de terre (402 millions cultivables, 449 millions sont de la forêt ). Seulement, 60 millions d’hectares sont utilisés sur les 402. Il reste donc au Brésil 340 millions d’hectare de terre disponible. Pourquoi aller en Amazonie ?
Le véritable problème n’est pas là. La culture de la canne agit en réalité indirectement. Elle a un effet domino. Les terres qui étaient allouées aux élevages sont désormais déplacées au profit de la culture de la canne mais aussi du soja. Ce sont ces mêmes élevages qu’on retrouve au nord du pays.
Ethanol = hausse du chômage ?
Autre problème, le développement des emplois précaires notamment pour les saisonniers et petits paysans. Depuis quelques années, beaucoup de plantations de canne ont été le théâtre de maltraitances. Certains journaux n’ont pas hésité à parler d’un retour de l’esclavage. Les paysans sont payés une misère (400 reais le mois) et travaillent dans des conditions exécrables. Face aux critiques, les grands lobbys ont décidé de généraliser la mécanisation au détriment des travailleurs, ce qui entrainera inéluctablement une hausse du chômage.
Ethanol = famine ?
Enfin, le Brésil a plusieurs fois été critiqué dans son choix politique. La politique de l’éthanol favoriserait la faim. Produire du sucre pour les moteurs des voitures et non pour l’homme. Ce problème discuté en 2007 à l’ONU a même poussé Jean Ziegler d’accuser les pays producteurs d‘éthanol de « crime contre l’humanité ». La réponse Brésilienne ne sait pas fait attendre par la voix de l’ancien ministre des affaires étrangères Celso Amorim « l’éthanol c’est comme le cholestérol : il y a le bon et le mauvais ». Amorim fait ici référence aux, Etats-Unis, premier producteur mondial d’éthanol. Le Géant Américain a basé sa production d’éthanol sur le maïs, ce qui a entrainé une augmentation accrue des prix mondiaux et entrainé la crise de la tortilla au Mexique en 2007.
Une solution : les biocarburants ”seconde génération”
Le Brésil a su faire face de ces critiques pour continuer à développer son programme énergétique. Ainsi l’éthanol produit va provenir prochainement de sous-produits de la canne, c’est à dire de résidus, tige, fibre qui n’entre pas dans l’alimentation. Ce sont ce qu’on appelle les biocarburants de « seconde génération ».
Les défis actuels
Le Brésil est donc prêt là où d’autres pays n’ont encore rien fait. La politique de l’alcool menée dans les années 70 a permis au pays de se doter d’équipements de haute pointe. L’agriculture du XXI siècle fait face à un nouveau contexte :
- Hausse des prix de l’énergie fossile
- Utilisation de nouvelle énergie propre (réduction de GES)
- Meilleure protection de l’éco-système
Si le Brésil a encore énormément de progrès à réaliser, il est certain que ce dernier a déjà une position bien avancée comparée à certains pays européens développés…
Par Charles Rassaert pour My Little Brasil