L’époque où le Brésil recrutait dans tous les secteurs et où les sources de la croissance économique semblaient inépuisables est-elle révolue ? Depuis le mois de janvier 2012, et pour la première fois depuis le début de la crise, le géant vert enregistre un ralentissement de la croissance de sa demande intérieure qui contraint les entreprises à revoir à la baisse leurs plans de recrutement.
- En résumé, que se passe-t-il ?
Si la croissance du PIB est restée forte en 2010 (7,5%), le Brésil a commencé à sentir les effets du ralentissement économique mondial dès 2011 (2,7%). L’industrie et les entreprises exportatrices ont été les plus touchées. C’est le cas par exemple des secteurs miniers et chimiques qui ont tous les deux connu une croissance atone au premier semestre de 2012. Depuis cette même année, la demande intérieure, principal moteur de la croissance brésilienne, s’essouffle à son tour.
Ce ralentissement de la croissance économique au Brésil a un effet direct sur l’emploi des cadres, notamment dans les secteurs les plus touchés, tels que l’immobilier, l’automobile, la chimie et le textile, qui ont gelé les recrutements et remplacements au cours du premier semestre.
- Un secteur industriel en crise ?
Les chiffres décevants publiés en juillet 2012 par l’IBGE (Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística ; l’équivalent brésilien de l’INSEE) nous éclairent. La production industrielle de mai 2012 est de 4,3 points inférieure à celle de mai 2011. Il s’agit du neuvième résultat négatif consécutif dans ce secteur et du plus fort depuis 2009. L’industrie brésilienne poursuit donc son ralentissement entamé en octobre 2010, et ce, dans de nombreux secteurs.
Les branches de l’industrie les plus touchées sont : le secteur de l’automobile (-4,5%), l’agroalimentaire (-3,4%), mais aussi les technologies de l’information et de la communication (-10,9%), la métallurgie (-2,4%), la chimie (-1,0%) et les biens de consommation durables (-2,2%) et non durables (-2,1%).
Certains secteurs demeurent encore vigoureux comme l’extraction pétrolière (+1,5%), l’industrie plastique (+2,6) ainsi que les biens d’équipement (+1,2%).
Les répercussions sur le marché de l’emploi
Ce ralentissement influence les comportements des entreprises qui gèlent les créations de postes notamment ceux destinés aux cadres. Une étude publiée en mai 2012 par Right Management (filiale de Manpower) révèle que les secteurs de la chimie et de l’électronique ont réduit de moitié leurs offres d’emploi par rapport à mai 2011.
Néanmoins, ceci n’est pas vrai dans tous les domaines. Les opportunités dans le secteur des hautes technologies ont augmenté de 144% en 2012. De même, les industries liées à l’énergie et à l’équipement d’infrastructures, fortes des subventions et des investissements internationaux dont elles bénéficient, maintiennent leurs politiques d’embauche. Laís Passarelli, associée du cabinet de recrutement Passarelli Consultores, s’est exprimée sur ce point dans le journal Valor. Selon elle, les subventions et les investissements ne sont pas les seules raisons à évoquer. Elle ajoute que « les secteurs en lien avec l’ingénierie n’ont pas du tout été affectés par la crise internationale. Ils continuent donc à recruter énormément d’ingénieurs ».
Enfin, Rodrigo Vianna, Directeur du cabinet de recrutement Hays, précise que la baisse de la demande dans les domaines des biens de consommations durables et des services est intimement liée au marché intérieur brésilien. À l’heure où les salaires augmentent et où l’accès au crédit est facilité, les consommateurs sont plus exigeants ce qui a un impact sur toute l’industrie. Il s’agit donc moins d’une faiblesse conjoncturelle que d’un problème structurel.
En conclusion
Selon les spécialistes, le rythme de croissance des années 2010 et 2011 pouvait difficilement se prolonger. La crise mondiale a affecté les investissements européens dont bénéficiait le Brésil ce qui a provoqué un ralentissement de son économie. Cependant, le pays reste un des marchés les plus dynamiques du monde pour les entreprises. Il y a donc fort à parier que les investissements se maintiendront dans le futur. Les cadres devront donc se montrer patients !
Par Alice Renard pour My Little Brasil
Sources : Journal Valor, 04/07/2012, page D3
Instituto Brasileiro de Geografia e Estatísticas : http://www.ibge.gov.br/home/presidencia/noticias/noticia_visualiza.php?id_noticia=2172&id_pagina=1