
Notre reporter Lili M. est allée à la rencontre des habitants de son village à Pontal de Maceio dans l’état du Ceará, dans le Nordeste du Brésil. Pour son premier portrait, elle nous livre les secrets du charmant Davi Rodrigues, professeur de kite surf et fondateur de la Pontal Kite School.
Bonjour Davi, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Davi Rodrigues Da Costa, j’ai 23 ans, j’habite à Pontal de Fortim, dans une communauté qu’on appelle Barra. Je suis passionné de kitesurf et je l’enseigne sur la plage de Pontal de Maceió. A 19 ans, je suis parti travailler avec mon oncle dans un restaurant loin de Fortim dans le Mato Grosso (au Sud de Ceara). J’aime l’idée de voyager et je trouvais cette opportunité intéressante. Mais cette expérience n’a pas été concluante et nous avons été contraints de retourner dans le Ceará.
J’aime beaucoup danser, avant je prenais des cours de hip-hop, j’ai fait aussi de la capoeira et un peu de musculation, mais maintenant ce que je préfère ce sont les sports nautiques.
Je m’intéresse aussi beaucoup aux langues, je parle un petit peu espagnol et anglais, et je comprends bien le français, mais j’aimerais apprendre plus !
Comment as-tu découvert le kitesurf ?
J’ai découvert ce sport quand j’avais 9 ans grâce à un homme de 60 ans et son fils Vitor. Il pratiquait le kitesurf et possédait tout le matériel nécessaire. Avec Vitor, nous l’aidions à préparer son kite, à monter le matériel, à l’entretenir… De cette façon, j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur le kitesurf. Mais à cette époque, je n’avais pas mon propre équipement et je devais me limiter à ces quelques heures passées avec Vitor. Cela dit, c’est cet homme qui m’a permis de découvrir ce sport et d’en être passionné. Cela m’a vraiment marqué.
A 12 ans, j’avais la fièvre du kitesurf. Mon oncle me prêtait sa barque pour traverser le Rio Jaguaribe et je restais là des journées entières, sur la plage à regarder les kitesurfeurs. Parfois, la nuit tombante, je devais rejoindre l’autre rivage à la nage, mais tellement heureux du spectacle dont j’avais profité ! A cette époque, je regardais beaucoup de vidéos de kite sur internet, pour apprendre à faire des manœuvres…
Ensuite, j’ai eu la chance de rencontrer Célian, un Français installé à Pontal de Maceió qui commençait le kite aussi. J’avais 20 ans et grâce à lui, (il m’a prêté du matériel) j’ai pu commencer à m’entraîner dans l’eau !
Après, mon cousin Adriano, que je considère comme mon frère, m’a accompagné et petit à petit, il a lui aussi commencé à s’y mettre !
Aujourd’hui, nous sommes professeurs de kite indépendants. Célian nous prête du matériel et en échange, nous donnons la priorité aux clients de son hotel qui voudraient apprendre ou pratiquer le kite. C’est bien ainsi, je pense que ça fonctionne pour tout le monde…
Tu pratiques beaucoup ?
Beaucoup, avant encore plus. Quand j’ai commencé, il m’est arrivé de passer des mois entiers où j’en faisais tous les jours. Maintenant, j’essaye d’y aller presque tous les jours, et souvent Célian vient avec nous.
La meilleure saison pour pratiquer c’est entre les mois de Août et Septembre.
Tu as pratiqué d’autres sports aquatiques avant de commencer le kite ?
Pendant très longtemps, j’ai fait de la compétition de natation à l’école, ça me plaisait beaucoup, je crois que je n’étais pas mauvais… Peu après, j’ai découvert le surf, puis le wakeboard, c’est ce qui m’a conduit au kite. Et bien sûr, comme beaucoup de garçons, j’ai touché au skate quand j’étais petit.
Tu as un objectif en rapport au kite ? Si oui, lequel ?
Je voudrais devenir professeur de kite, je le suis déjà un peu, mais je veux dire un « vrai » professeur, officiel, certifié. Pour cela je dois obtenir le certificat IKO (International Kiteboarding Organisation) qui permet de donner des cours officiellement. Il faut environ 2 ou 3 semaines pour le passer. Il y a une formation avec un instructeur certifié où on apprend notamment tous les gestes de sécurité, et il y a aussi une épreuve avec la Croix-Rouge.
Et dans un futur plus lointain, j’imagine monter ma propre école de kite. Mon autre objectif, qui s’apparenterait plus à un rêve, serait de faire de la compétition, mais pour cela j’aurais besoin, avant de m’inscrire, de trouver des sponsors, et je crois que je suis peut-être déjà un peu trop vieux…
Quelles sont les choses les plus importantes quand on commence le kite ? Que recommanderais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer ?
Pour apprendre le kite, une personne a besoin de stabilité et d’une bonne condition physique. Il faut savoir nager, avoir de la patience, du courage et une bonne capacité à comprendre et à assimiler les choses, car le kitesurf c’est vraiment génial quand on sait en faire, sinon c’est très dangereux et avant de s’y mettre, il y a des choses à connaître, sur ce qu’on peut ou ne peut pas faire.
As-tu d’autres projets en dehors du kite ?
Bien sûr ! Je voudrais voyager, découvrir la France et l’Afrique du Sud (et aller faire du kite au Cap-Vert !).
Je pense aussi à m’inscrire à l’université pour étudier le tourisme. Au départ, je voulais m’orienter en gastronomie et finalement je pense que le tourisme englobe toutes les disciplines qui m’intéressent.
J’aime les langues, j’aime découvrir d’autres cultures, j’aime les grandes villes et je voudrais faire un métier avec beaucoup de contact humain, c’est très important pour moi…
Mais principalement, je veux offrir à ma famille des bonnes conditions de vie, et aider les amis qui en ont besoin…
Tu as une devise dans ta vie quotidienne ? Un mot ou une phrase qui te définit en particulier ?
Toujours vouloir aider les autres, surtout la famille. Je ne pense pas deux fois avant d’aider quelqu’un, je suis une personne qui aime rendre service et pour qui c’est important d’être toujours le plus correct possible.
Je pense que je suis une bonne personne, enfin j’essaie de l’être. J’essaie d’aider le plus possible, je respecte les autres, je ne m’occupe pas de ce qui ne me regarde pas. Ma priorité c’est ma famille, les rendre heureux suffit à me satisfaire.
Tu penses partir vivre ailleurs qu’ici ? Dans une autre région du Brésil par exemple ?
Non, je n’ai pas envie… J’aime vraiment vivre ici, la vie est tranquille. Je vis avec mes parents, mes frères et sœurs, je suis fiancé à une fille exceptionnelle et je peux pratiquer ma passion sans limite. Tant qu’il y aura du travail ici, je resterais près de ma famille.
Tu as un rêve en particulier ?
Que tous mes projets et rêves deviennent réalité, que ma famille soit bien, heureuse, et qu’elle n’ait besoin de rien. Et aussi –surtout- que mon père rentre ici, à la maison, qu’il arrête de travailler en mer et qu’il commence à profiter un peu et qu’il soit en sécurité, avec les siens, car le métier de pêcheur est vraiment dangereux. Plus encore, il mérite de se reposer et d’être heureux dans un endroit tranquille. Le bonheur n’est pas plus loin…
Ça vous a donné envie ? Partez à la découverte du kitesurf dans le Nordeste brésilien.
Par Lili M. pour My Little Brasiil.
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