Patrick Hollard nous raconte dans cet entretien le développement de Michael Page International au Brésil et en Amérique Latine, dont il est Managing Director depuis 1999.
Pourquoi êtes-vous venu développer Michael Page International au Brésil ?
Je travaillais pour l’administration internationale de Michael Page en France, après des expériences dans des pays comme l’Afrique du Sud, la Finlande, la Belgique ou encore le Chili. Plus le temps passait, plus je me sentais devenir franco-français dans mon quotidien, il manquait un côté entrepreneur et international à mon travail. En janvier 1999, on m’a demandé de choisir entre l’Inde et le Brésil pour ouvrir un nouveau bureau. J’ai choisi le Brésil, sans y avoir jamais mis les pieds.
Qu’est-ce que vous inspirait le Brésil à la fin des années 90?
A l’époque, en 1999, personne ne regardait ce pays comme on le fait aujourd’hui. C’était loin d’être l’Eldorado, on y pensait surtout pour la violence racontée dans les journaux. Une semaine après avoir fait le choix du Brésil, le real était dévalué de 40%. Ça commençait plutôt mal ! Mais à mon arrivée en 2001, j’ai tout de suite senti que le Brésil était un pays d’avenir, que tout pouvait être construit. Je suis convaincu qu’ici, les prochaines générations vivront mieux qu’aujourd’hui, contrairement à ce qui se passe en Europe.
Comment se développe Michael Page International en Amérique Latine ?
Michael Page International ne grandit pas par acquisition d’autres sociétés. Notre développement ‘organique’ demande du temps, mais garantit une entreprise forte : le premier Brésilien que j’ai recruté est devenu le Directeur Brésil du groupe. Il faut savoir créer une vraie culture d’entreprise et de la confiance en l’avenir pour fidéliser les collaborateurs, surtout au Brésil où les gens sont très « volatiles » au niveau professionnel et copient facilement les business model.
Quelle est la place de l’Amérique Latine pour Michael Page International ?
Michael Page International en Amérique Latine représente entre 12 et 15% des parts de marché du groupe. Nous sommes présents au Mexique, en Argentine, au Chili, en Colombie, et ouvrons un bureau au Pérou l’an prochain. Le Brésil est à la fois le plus grand centre d’activité en Amérique Latine (100 personnes réparties sur 14 bureaux) et le pays où nous avons les plus fortes perspectives de croissance. Le marché est extrêmement porteur au Brésil : le Nordeste, l’intérieur de l’Etat de São Paulo, le Sud du Brésil et le Mato Grosso explosent en termes de besoins.
Quelle est la recette du succès pour une entreprise qui souhaite s’installer en Amérique latine ?
Il y a trois ingrédients-clefs pour qu’une entreprise réussisse sur le marché, en Amérique latine comme ailleurs :
- son business model doit apporter quelque chose de différent,
- elle doit savoir recruter les bonnes personnes,
- et enfin, arriver sur le marché au bon moment.
Par ailleurs, les lieux stratégiques pour les entreprises qui souhaitent couvrir l’Amérique latine sont, d’après moi, le Mexique, la Colombie et le Brésil. Le Vénézuela, s’il parvient à dépasser ses difficultés politiques, pourrait devenir une quatrième destination intéressante pour les entreprises. Le Vénézuela, bien localisé, dispose de ressources naturelles, d’une très bonne industrie et d’une population qui a envie d’avancer.
Par Mélissa Martinay pour My Little Brasil, propos recueillis avec Marielle Schneider
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